
Le ministre allemand des Finances, Peer Steinbrück, a qualifié samedi de "surprenantes" les critiques exprimées par le Luxembourg, la Suisse ou la Belgique après leur inscription sur une liste de paradis fiscaux, dans la foulée du sommet du G20.
"Je trouve ces réactions, concernant la liste de l'OCDE, surprenantes", a-t-il dit à la presse à l'issue d'une réunion avec ses collègues européens à Prague.
Le fait de les faire figurer sur de telles listes doit être compris "comme une incitation à ne plus en faire partie" en mettant leurs promesses à exécution, a ajouté M. Steinbrück.
Il a ajouté avoir "déjà beaucoup entendu d'annonces ces dernières années" et de promesses des pays pratiquant le secret bancaire de changer leurs législations, sans aucun changement concret ensuite. Il serait "totalement inacceptable" que cela se reproduise aujourd'hui.
La plupart des pays européens pratiquant le secret bancaire, comme la Suisse, le Luxembourg, le Liechtenstein, la Belgique ou Andorre, ont promis d'assouplir leurs législations fiscales et bancaires afin de se conformer aux critères de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Ils ont échappé du coup à une liste noire des paradis fiscaux dans le monde publiée jeudi par l'OCDE, dans la foulée du sommet du G20 de Londres. Mais ils figurent sur une liste "grise" en attendant qu'ils s'amendent.
Le Luxembourg, la Suisse et la Belgique ont critiqué le procédé et regretté que d'autres territoires pratiquant une fiscalité très avantageuse, comme certains Etats américains (Delaware) ou ceux chinois de Hong Kong et Macao aient été épargnés.
Vendredi à Prague, la ministre française de l'Economie, Christine Lagarde, avait également exprimé son incompréhension face à ces critiques.
"Comment peut-on être furieux contre un principe consistant à dire qu'il faut de la transparence, qu'il faut que l'impôt soit perçu là où il doit l'être ou que l'opacité des paradis fiscaux ne serve plus à financer le terrorisme?", avait-elle demandé. "On ne peut pas être contre".
La France et l'Allemagne ont mené la fronde contre les paradis fiscaux en Europe depuis plusieurs mois.