Le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a préconisé au ministère de l'Economie de revoir à la baisse le taux de rémunération du Livret A le 1er mai, prochaine date de modification possible, affirme vendredi Les Echos.
Interrogé par l'AFP, Bercy a assuré qu'aucune lettre de recommandation ne lui avait été transmise par la Banque de France.
La préconisation officielle de la Banque de France ne saurait, quoi qu'il en soit, intervenir avant le 10 avril, date de publication du chiffre de l'inflation en France pour mars. Ce chiffre entre, en effet, dans le calcul du taux de rémunération théorique du Livret A.
En prenant le dernier chiffre disponible sur un an, le taux du Livret A passerait de 2,5% actuellement à 1,25%.
Si le gouvernement décidait d'appliquer à la lettre ce mécanisme d'ajustement automatique, instauré en 2003 pour dépolitiser ce sujet très sensible, le taux descendrait ainsi à un niveau jamais vu depuis sa création, en 1818. La rémunération du Livret A avait atteint 2% entre août 2005 et février 2006, son plus bas niveau à ce jour.
Le taux du Livret A est susceptible d'être ajusté deux fois par an, début février et début août.
Mais si, au 15 avril et au 15 octobre, la Banque de France "estime que la variation de l'inflation ou des marchés monétaires est très importante", le gouverneur peut désormais proposer à Bercy la révision du taux, respectivement au 1er mai ou au 1er novembre suivants.
Il lui transmet alors un courrier dans les quatre jours ouvrés suivant le 15 avril ou le 15 octobre.
L'entourage de la ministre de l'Economie Christine Lagarde a précisé que, pour se déterminer, il prendrait en compte la baisse de l'inflation et celle des taux, "qui sont des éléments objectifs".
Début février, le gouvernement avait choisi de fixer le taux à 2,5%, alors que l'application du mécanisme de calcul l'aurait porté à 2%. Il était auparavant de 4%.
"Il serait sage de laisser le mécanisme s'appliquer", a estimé vendredi Jean Arthuis (UC), président de la commission des Finances du Sénat, jugeant "sain" le mécanisme qui permet de "dépolitiser" la fixation du taux.
"Si on veut faciliter le recours à l'emprunt, il est sage de laisser s'appliquer le mécanisme institutionnel", a-t-il ajouté.
Porté par un taux élevé et par la crise financière, le Livret A a connu une collecte historique de 18,7 milliards d'euros en 2008. Fin décembre, on comptabilisait 46 millions de livrets en circulation.
L'attrait exceptionnel pour ce produit défiscalisé et liquide (retraits libres et sans frais) s'est prolongé début 2009, grâce à l'élargissement de sa distribution à l'ensemble des banques en France.
Selon les chiffres compilés par l'AFP à la mi-mars, environ 6,2 millions de Livrets A ont été ouverts depuis le 1er janvier par les banques nouvellement habilitées à le commercialiser.
Sur l'ensemble de ces établissements, la collecte nette atteint environ 19,3 mds d'euros.
Celle-ci a néanmoins connu un fort ralentissement depuis février. L'effet des pré-réservations effectuées par les banques avant l'ouverture de la distribution s'est estompé et la baisse du taux du Livret A est entrée en vigueur au 1er février.