Le groupe bancaire français BNP Paribas devra encore attendre jusque fin avril pour savoir s'il peut enfin prendre le contrôle de la première banque belge, Fortis Banque, suite au report mercredi d'un vote des actionnaires sur la question.
Le projet avait été mis sur les rails début octobre sur fond de crise financière, mais se heurte depuis à l'opposition de petits actionnaires de l'ancienne maison mère de la banque belge, Fortis Holding, qui s'estiment floués.
L'accord concerné entre BNP et l'Etat belge a déjà été révisé deux fois.
Sa dernière mouture, conclue début mars, devait être soumise aux actionnaires de Fortis Holding lors d'assemblées générales prévues le 8 avril à Utrecht (Pays-Bas) et le lendemain à Bruxelles.
Mais Fortis Holding a reporté mercredi soir le vote aux 28 et 29 avril, suite à une décision mardi de la justice belge.
La Cour d'appel de Bruxelles, saisie par des actionnaires hostiles à BNP, a estimé que seules les actions détenues au moins depuis le 14 octobre bénéficieraient d'un droit de vote à l'assemblée de Bruxelles.
Le Conseil d'administration de Fortis Holding a pris sa décision "après concertation et en accord avec BNP Paribas et l'État belge", "pour des raisons pratiques et organisationnelles", précise un communiqué.
Il se dit "conscient des désagréments qu'entraîne pour les actionnaires ce report tardif, qu'il n'a en aucun cas souhaité".
Le Conseil "ne peut adhérer à la décision de la Cour d'Appel de Bruxelles du 31 mars", par conséquent une procédure en tierce opposition a été introduite devant cette cour.
En raison du report du vote sur le projet BNP Paribas, Fortis, BNP Paribas et l'État belge ont convenu de modifier à nouveau plusieurs échéances-clé.
La nouvelle date limite d'approbation par les actionnaires de Fortis Holding du projet avec BNP Paribas est donc désormais le 1er mai 2009 (au lieu du 18) avril.
La date ultime à laquelle toutes les conditions suspensives prévues doivent avoir été remplies ou à laquelle BNP Paribas doit renoncer à son projet, sera fixée à une date entre le 1er et le 15 mai 2009 (au lieu du 30 avril).
En limitant le cercle des actionnaires autorisés à voter, les réfractaires veulent écarter les investisseurs spéculatifs entrés récemment au capital de Fortis Holding, et plus enclins à soutenir BNP que les actionnaires de longue date qui ont vu leurs actions perdre l'essentiel de leur valeur.
Le groupe Fortis était en effet considéré jusqu'à l'été dernier comme un fleuron de la bancassurance belgo-néerlandaise. Mais frappé de plein fouet par la crise financière, il avait dû demander l'aide des Etats du Benelux, qui ont orchestré son démantèlement début octobre.
L'Etat néerlandais a nationalisé les activités de bancassurance aux Pays-Bas, et la Belgique la filiale bancaire Fortis Banque, avec l'intention d'en revendre 75% à BNP. En conséquence, les actions de l'entité qui restait cotée en Bourse, Fortis Holding, se sont effondrées.
Le 11 février à Bruxelles, les actionnaires de Fortis Holding avaient voté contre le démantèlement à une très courte majorité, forçant BNP et l'Etat belge à négocier un nouvel accord.
Réduire le nombre de votants à Bruxelles augmente aussi le poids du premier actionnaire de Fortis Holding, le chinois Ping An, qui avait voté "non" en février.
BNP se disait néanmoins encore mercredi matin "confiant et déterminé pour l?avenir".
Fortis Holding a publié mardi une perte nette de 28 milliards d'euros pour son exercice 2008. La seule société au monde à avoir fait pire l'an dernier est l'assureur américain AIG.