Le groupe d'équipement pour la montagne Rossignol a annoncé vendredi qu'il allait réduire de près d'un tiers ses effectifs dans le monde, soit supprimer plus de 450 emplois - dont 275 en France- assurant vouloir avec cette énième restructuration "se remettre en piste".
La direction a annoncé cette décision lors d'un comité central d'entreprise (CCE) extraordinaire à son siège de Moirans, dans l'Isère. Elle évoque une crise de la demande, qui a "baissé de 40% en 20 ans", une hausse de la concurrence, et le "contexte de crise économique".
"Ce projet est incontournable", a souligné le président de Rossignol Bruno Cercley dans un communiqué. Selon lui, le groupe, qui a accusé l'an dernier une perte opérationnelle de 58 millions sur un chiffre d'affaires de 270 millions d'euros, est "déterminé à retrouver l'équilibre dans les deux ans".
Le groupe, qui détient les marques Rossignol, Dynastar, Look (fixations de ski) et Lange (chaussures), a déjà connu de nombreuses restructurations, passant de 2.300 salariés en mars 2005 à environ 1.500 actuellement.
Selon les syndicats, la direction projette de supprimer 455 postes dans le monde. En France, 124 emplois sont menacés chez Rossignol, notamment dans les services recherche et développement, textile et marketing, 90 emplois chez Dynastar et 61 chez Look, selon la même source.
Les quatre sites industriels seront maintenus, et spécialisés dans leur point fort: les fixations à Nevers, les skis d'entrée et milieu de gamme à Artes (Espagne), et la conception des chaussures à Montebelluna (Italie), indique la direction.
L'usine de Sallanches, au pied du Mont Blanc, la dernière à produire des skis en France, doit devenir "un pôle d'excellence". "Le site de Sallanches, usine historique Dynastar, produira les skis haut de gamme pour les deux marques du groupe, Rossignol et Dynastar", a indiqué M. Cercley.
"On ne s'attendait pas à une telle restructuration", a commenté Philippe Chassigneu, délégué CGT chez Rossignol: "on pensait qu'il y aurait un plan sur le long terme, mais ils veulent aller très vite, car selon eux la survie du groupe en dépend. Selon moi, c'est surtout pour satisfaire les actionnaires".
"C'est exagéré", a estimé Joseph Messina, délégué CGT: "ils vont licencier des gens qui ont 20, 30 ans de maison pour la plupart, et ils vont devoir prendre des intérimaires pendant les périodes de pointe".
"Nous allons payer pour toutes les erreurs stratégiques faites par nos anciens directeurs", a regretté M. Chassigneu, citant "l'éparpillement des services après la fermeture de l'usine de Saint-Etienne de Crossey (Isère) en 2006, la baisse de la qualité des textiles sous l'influence de Quiksilver".
Rossignol avait été vendu fin 2008 par l'Américain Quiksilver à la société Chartreuse et Mont Blanc SAS, consortium à capitaux australiens et américains.