
Pour la première fois depuis sa création en 2003, le groupe aérien franco-néerlandais Air France-KLM, malmené par la crise, s'attend à tomber dans le rouge en 2008/2009 (clos au 31 mars) et pense le rester l'exercice suivant.
"Le résultat d'exploitation pour l'ensemble de l'exercice 2008-2009 devrait être négatif de l'ordre de 200 millions d'euros", a-t-il annoncé dans un communiqué diffusé jeudi. En 2007/2008, il avait dégagé un bénéfice d'exploitation de 1,405 milliard d'euros.
Comme tous les autres acteurs du secteur, il est confronté à la dégringolade du trafic du fret, en raison de la contraction du commerce mondial et du trafic passager, notamment celui des lucratifs hommes d'affaires. Avant la crise, ces derniers étaient prêts à payer au prix fort une place luxueuse et confortable achetée au dernier moment.
Air France-KLM n'a pas donné de chiffre pour son résultat net final 2008/2009. "Il dépendra de la valorisation des instruments de couverture", a-t-il précisé. Le groupe utilise des instruments financiers lui permettant de se couvrir sur les variations du prix du pétrole - le carburant étant un des premiers postes de dépense des compagnies aériennes - et de change.
Alors que la compagnie Air France a décidé il y a quelques semaines un gel des embauches, elle passe désormais à "la phase deux" de son plan pour l'emploi, c'est-à-dire qu'elle va inciter son personnel à prendre des congés sabbatiques ou sans solde et le pousser à solder ses RTT, a indiqué une source syndicale à l'AFP.
Un débat va s'ouvrir avec les syndicats pour favoriser le temps partiel, toujours selon cette même source. Pour l'exercice 2008/2009, Air France devait réduire ses effectifs de 1.000 à 1.200, sans licenciements secs.
En juin prochain, doit être discuté le prochain plan triennal de l'emploi chez Air France. Les trois derniers plans garantissaient l'emploi. La dégradation du contexte économique devrait rendre cette garantir plus difficile à tenir.
Pour l'exercice qui s'ouvre, 2009-2010, le directeur général du groupe, Pierre-Henri Gourgeon, cité dans le communiqué, reconnaît "une absence de visibilité sur l'évolution de la conjoncture économique et sur la volatilité de paramètres tels que les devises et le prix du carburant".
Face à la baisse du trafic, le transporteur a réduit ses capacacités - c'est-à-dire qu'il dessert moins certaines destinations ou utilise des avions plus petits sur certaines lignes - tant dans le secteur passagers (-3,4%) que dans le cargo (-13%).
Il "anticipe une baisse du chiffre d'affaires de l'ordre de 6% dont l'ampleur finale dépendra de l'évolution de la crise économique". "En revanche, la facture pétrolière devrait fortement baisser", estime le transporteur.
Le prix du kérosène a en effet fortement diminué depuis le pic atteint par l'or noir l'été dernier à environ 150 dollars, contre à près de 53 dollars actuellement. En outre, le transporteur qui s'était fortement couvert par le passé contre une hausse du prix du pétrole - ce qui l'avait pénalisé quand ce dernier était redescendu - a pris récemment la décision de moins se couvrir.
Cette baisse de la facture pétrolière - devenue l'an passé le premier poste de ses dépenses - "combinée aux mesures de réduction des coûts devrait permettre d'absorber une partie significative du recul du chiffre d'affaires et de limiter la perte d'exploitation", a estimé le transporteur.