La Roumanie est devenue mercredi le troisième pays membre de l'Union européenne (UE) à bénéficier d'un plan de soutien des bailleurs de fonds face à la crise économique en obtenant un prêt d'environ 20 milliards d'euros sur deux ans du FMI, de l'UE et de la Banque mondiale.
L'accord a été annoncé à Bucarest par un responsable du Fonds monétaire international (FMI), Jeffrey Franks.
Sur ce montant, 12,9 milliards d'euros seront abondés par le FMI, 5 milliards par l'UE, 1 à 1,5 milliard par la Banque mondiale (BM) et le reste par plusieurs autres institutions, dont la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (Berd), a précisé M. Franks.
Avant la Roumanie, la Hongrie et la Lettonie, également membres de l'UE, avaient obtenu un prêt de ce type pour faire face à la crise.
"Ce prêt vise à limiter les effets d'une forte chute des flux de capitaux, tout en réduisant les déficits extérieur et fiscal", a expliqué le FMI dans un communiqué.
Selon des sources proches des négociations, l'argent du FMI sera utilisé pour couvrir les réserves en devises de la Banque centrale roumaine, tandis que le prêt de l'UE permettra de financer le déficit budgétaire.
La réduction du déficit public (5,28% du PIB en 2008) figure d'ailleurs parmi les conditions accompagnant ce prêt car "le gouvernement roumain ne peut plus se permettre le luxe d'un déficit important".
Selon un communiqué de l'Ecofin et de la Commission européenne, ce déficit devrait néanmoins rester très supérieur au taux imposé par le traité de Maastricht, soit 5,1%, avant de descendre en-dessous de 3% en 2011.
Le Fonds souhaite également une "réforme du système des salaires dans le secteur public", dont la facture a doublé ces quatre dernières années, ainsi que du système des retraites, qui exerce une "pression énorme" sur le budget.
Le FMI table en outre sur une reprise du crédit, en forte baisse ces derniers mois en raison d'un manque de liquidités et d'une prudence accrue des banques.
Ce prêt permettra à la Banque centrale de relaxer sa politique monétaire, en réduisant graduellement le taux des réserves obligatoires, actuellement de 40%.
La délégation du FMI doit se rendre à Vienne pour s'entretenir "jeudi avec les principales banques étrangères opérant en Roumanie afin d'obtenir leur soutien", a indiqué M. Franks.
Bucarest veut s'assurer ainsi que ces dernières ne rapatrieront pas les capitaux qui seraient rendus disponibles suite à la baisse des réserves obligatoires.
Face aux craintes des syndicats sur un coût social trop élevé de cet accord, le FMI a souligné que le "programme prévoit une hausse des allocations destinées aux programmes sociaux et des mesures de protection pour les retraités et les fonctionnaires publics les plus vulnérables".
Les conditions imposées à la Roumanie sont "ambitieuses mais réalistes" et "adaptées au pays", a commenté M. Franks, précisant qu'un premier versement du du FMI, de 5 milliards d'euros, devrait intervenir "d'ici quelques mois", vraisemblablement en mai, le temps pour le conseil d'administration d'approuver cet accord.
La Berd, premier investisseur institutionnel en Roumanie, s'est déclarée prête à contribuer au programme avec 500 millions à 1 milliard d'euros sur deux ans, la moitié devant aller au système financier et le reste à l'économie, notamment l'énergie et les infrastructures.
Le gouvernement de coalition roumain, qui possède une large majorité au Parlement, ne semble pas menacé, contrairement à la Hongrie et la Lettonie où les gouvernements ont démissionné quelques mois après des accords identiques avec le FMI et d'autres institutions internationales.