
La consommation des ménages français a replongé en février, un recul "temporaire" pour le gouvernement alors que les économistes s'inquiètent de la "première alerte sérieuse" sur le seul moteur de la croissance à avoir résisté jusqu'à présent.
Interrogé sur ces chiffres, le Premier ministre François Fillon a exclu d'annoncer "tous les mois" de nouvelles mesures de relance. "On a toujours dit qu'on adapterait notre stratégie en fonction de la conjoncture mais pas en fonction de la conjoncture tous les mois", a-t-il dit lors d'un voyage à Washington.
Les dépenses de consommation des ménages français en produits manufacturés ont reculé de 2,0% en février, après avoir rebondi de 1,7% en janvier, a annoncé mardi l'Insee.
"C?est la première alerte sérieuse sur la consommation des ménages. Il faut remonter à avril 2008 pour retrouver un niveau de consommation mensuelle aussi bas", relève Nicolas Bouzou (Asterès).
"Après la bonne performance de janvier liée aux soldes qui permettait à la France d?être le seul pays développé où la consommation augmentait sur un an, le mois de février a sonné le glas de la résistance française", estime l'économiste Marc Touati (Global Equities).
La baisse de la consommation s'explique, selon les économistes, par le niveau de confiance faible des ménages et le recul du pouvoir d'achat lié à la hausse très rapide du chômage. Joue aussi, selon certains, la chute des crédits à la consommation.

"La situation financière des Français est meilleure que celle des Britanniques ou des Américains. Mais le renforcement de la perception de la crise et l?angoisse du lendemain conduisent forcément à la reconstitution d?une épargne de précaution pour parer aux éventuels coups durs", observe Alexander Law (cabinet Xerfi).
La chute la plus spectaculaire a concerné les achats dans le secteur textile-cuir: -8,7% en février après une flambée de +4,3% en janvier.
"La baisse de février reflète le contrecoup des fortes ventes en janvier", explique-t-on dans l'entourage de la ministre de l'Economie Christine Lagarde, en indiquant tabler sur une nouvelle hausse de la consommation au mois de mars.
En revanche, dans l'automobile, les achats se maintiennent (+0,2% après +2,6%), à un rythme ralenti, grâce à la prime à la casse.
C'est d'ailleurs dans l'automobile que le moral des industriels se redresse, selon l'indice publié par l'Insee mardi. Le jugement des chefs d'entreprises sur leur propre production semble moins dégradé, ce qui pourrait "laisser anticiper une reprise du secteur dans les prochains mois", a expliqué à l'AFP Philippe Scherrer, chef de la division enquêtes de conjoncture de l'Insee.
Toutefois, dans l'ensemble de l'industrie manufacturière, le moral des chefs d'entreprise est resté inchangé en mars par rapport à février, à 68 points, son plus bas niveau historique.
Le recul de la consommation va remettre sur la table, à l'approche du sommet des pays avancés et émergents du G20 le 2 avril à Londres, le débat sur un éventuel nouveau plan de relance, réclamé par les Etats-Unis, et repoussé jusqu'ici par les Européens.
Certains économistes avertissent toutefois que la relance, qui coûte cher aux finances publiques, sert davantage aux importations qu'à l'industrie nationale.
"A ce stade, rien ne permet de dire que la résistance de la consommation observée à ce stade se soit interrompue", indique-t-on dans l'entourage de Mme Lagarde.