
Les critiques redoublent en France sur les stock-options après la polémique déclenchée par celles attribuées aux dirigeants de la Société Générale, le gouvernement s'interrogeant sur leur "pertinence" et n'excluant pas de recourir à la loi pour les encadrer.
Les quatre principaux dirigeants de la banque ont finalement dû renoncer dimanche aux stock-options qui leur avaient été octroyées mercredi, dont 70.000 au président Daniel Bouton et 150.000 au directeur général Frédéric Oudéa.
Mais le gouvernement s'interroge désormais sur la "pertinence" du dispositif, qui permet à des cadres ou dirigeants d'acheter des actions à un cours avantageux en engrangeant des gains si le cours de Bourse a grimpé, sans perdre d'argent s'il a reculé.
Ces dernières années, "les augmentations des cours de Bourse avaient souvent peu de relations avec les performances réelles" de l'entreprise, a noté dimanche la ministre de l'Economie, Christine Lagarde.
Un sentiment partagé par la présidente de l'Association de défense des actionnaires minoritaires (Adam), Colette Neuville, qui souhaite un débat sur les critères d'attribution des stock-options: il faudrait notamment pouvoir "empêcher l'attribution d'une action à son cours le plus bas depuis dix ans, comme cela a été le cas pour la Société Générale".
La "dictature du cours de Bourse a pu pousser des dirigeants à prendre des décisions destinées à rassurer les marchés, comme des plans de licenciement, ou à privilégier la rentabilité au détriment des investissements", juge aussi Sylvain Dhenin, vice-président de CTPartners, un cabinet de chasseurs de têtes.
Il prône d'"autres critères d'attribution, comme la réduction de l'endettement ou l'augmentation du chiffre d'affaires".

Pour examiner si cette forme de rémunération est "efficace et morale", Christine Lagarde souhaite une concertation avec les partenaires sociaux et n'exclut pas de passer par la loi.
Selon des sénateurs communistes, il est même "possible de légiférer dès cette semaine".
D'ores et déjà, le gouvernement a demandé au Medef de définir, d'ici au 31 mars, un dispositif concret pour inciter les dirigeants qui licencient à renoncer à leurs bonus. Sa présidente, Laurence Parisot, a promis une réponse "dans la semaine".
Le député-maire UMP de Nice, Christian Estrosi, a, lui, proposé de plafonner à 40.000 euros mensuels la rémunération des patrons qui recourent à l'aide publique.
Mais des voix s'élèvent aussi pour défendre les stock-options. Le président de l'assureur Axa, Henri de Castries, juge qu'elles ne sont pas forcément "mauvaises" pour l'entreprise.
"Ce n'est pas parce que quelques dirigeants ont cru qu'ils méritaient des sommes énormes pour leur talent (...) qu'il faut tout à coup supprimer cet outil, extrêmement utile pour intéresser les salariés à la croissance de l'entreprise", relève le mouvement patronal Ethic.
L'organisation a toutefois réclamé lundi la démission immédiate de Daniel Bouton et Frédéric Oudéa, "dans un souci d'exemplarité".
Dans une interview au journal La Croix à paraître mardi, le député UMP Jérôme Chartier prône l'élargissement du dispositif à l'ensemble des salariés. Il menace toutefois de déposer une proposition de loi pour augmenter la taxation des stock-options émises entre le 1er janvier et le 30 juin 2009 si d'autres dirigeants d'une entreprise cotée ayant bénéficié du soutien de l'État décidaient d'en distribuer.