
A dix jours du sommet du G20 à Londres, François Fillon s'est employé lundi, au premier jour de son déplacement express aux Etats-Unis, à convaincre Washington du besoin d'une régulation financière plus forte pour sortir durablement de la crise.
La question, selon le Premier ministre français, n'est plus à l'ampleur des plans de relance.
L'Europe a fait le maximum en la matière, a-t-il soutenu, rappelant que les dispositifs mis en oeuvre par les 27 représentent 400 milliards d'euros, soit 3,3% du PIB global, notamment via les prestations sociales (indemnités chômage...) qui n'existent pas ou peu aux Etats-Unis.
Une manière pour M. Fillon de répondre à nouveau par une fin de non recevoir aux Américains et au Fonds monétaire international qui poussent les Européens à doper leurs mesures de soutien de l'économie.

"Nous n'avons pas intérêt à créer une bulle de dette publique", a-t-il martelé, fidèle à une ligne d'orthodoxie budgétaire, alors qu'en 2009 le déficit public atteindra en France un record avec 100 milliards d'euros, notamment du fait des 26 milliards débloqués en décembre pour l'investissement.
Une "totale harmonie" règne sur ce point entre l'Elysée et Matignon, selon une source gouvernementale, qui dément ainsi des informations faisant état de divergences entre les deux têtes de l'exécutif.
C'est dans la transformation de l'architecture du système financier mondial que les grands pays industrialisés mais aussi émergents trouveront leur salut pour "éteindre l'incendie", a jugé M. Fillon.
"La responsabilité des gouvernants vis-à-vis d'une opinion publique mondiale légitimement angoissée est grande", a encore déclaré le chef du gouvernement français qui a rappelé que la récession serait "modeste" en France comparée à ses voisins européens.
Au nom d'une "vieille France" qui a "son mot à dire dans la réflexion actuelle", il a plaidé pour que le sommet du G20 de Londres le 2 avril aboutisse "à des réponses concrètes".
Selon lui, quatre piliers sont essentiels: "la réforme de la régulation financière internationale, le soutien à la croissance, le sauvetage des banques et le soutien aux pays les plus menacés".
"Si un seul de ces piliers manque, il n'y aura pas de reprise durable ni de confiance réelle dans le système", a-t-il mis en garde devant la Fondation Carnegie pour la paix internationale, un des plus importants clubs de réflexion outre-Atlantique.
Le chef du gouvernement, qui a rencontré à New York des acteurs américains de la régulation financière, a affiché son optimisme. "Je crois que nos chances de succès sont grandes", a-t-il dit avant de se rendre à la Maison Blanche pour y rencontrer le vice-président américain Joe Biden.
"L'absence d'accord à Londres, un accord à minima ou des divisions constitueraient un signal extrêmement négatif pour les peuples et les marchés", confiait-on dans son entourage. Selon la même source, "il faut faire le maximum" pour en convaincre les Américains.
Selon François Fillon, si "des avancées importantes" ont été actées lors du sommet du G20 finances près de Londres il y a huit jours, "l'émergence d'un consensus" est "lente" sur la mise au ban des paradis fiscaux et la modernisation des normes comptables internationales, deux sujets auxquels les 27 pays de l'UE sont très attachés.
Le chef de l'Etat français Nicolas Sarkozy tentera certainement d'en persuader son homologue Barack Obama avec qui il doit s'entretenir au téléphone mercredi, comme l'a indiqué lundi l'Elysée.