Le nombre de chômeurs au Royaume-Uni a dépassé les deux millions pour la première fois depuis 1997 en janvier, et la barre des trois millions est en vue, dans un pays dont l'économie devrait souffrir une des pires contractions parmi les grands pays développées en 2009.
Le nombre de chômeurs, au sens du Bureau international du travail (BIT), a atteint 2,029 millions sur les trois mois achevés en janvier, soit 165.000 personnes de plus que sur les trois mois précédents (août-octobre), tandis que le taux de chômage grimpait de 0,5 point de pourcentage, à 6,5%.
C'est la première fois depuis juillet 1997, et l'arrivée au pouvoir des travaillistes, que l'on compte plus de deux millions de chômeurs dans le pays.
Ces nouvelles arrivent alors que, selon des fuites publiées mercredi dans la presse britannique, le Fonds monétaire international (FMI) s'apprête à réduire encore sa prévision d'évolution du Produit intérieur brut (PIB) au Royaume-Uni cette année, misant sur une contraction de 3,8% et encore de 0,2% en 2010, contre une contraction de 2,8% et une croissance de 0,2% prédits fin janvier.
Le tout, selon la presse, dans le cadre d'une baisse de 0,6% du PIB mondial. Parmi les grandes économies, seul le Japon ferait pire que le Royaume-Uni, à -5% cette année, avant une stagnation l'an prochain.
Des chiffres embarrassants alors que le Royaume-Uni accueille dans deux semaines un sommet du G20 (les grands pays développés et émergents de la planète) où il doit montrer sa capacité à diriger des travaux censés aboutir à une amélioration de la crise.
Les chiffres publiés mercredi, qualifiés de "vraiment affreux" par James Knightley d'ING et Howard Archer d'IHS Global Insight, montrent aussi un net ralentissement des revenus sur les trois mois achevés en janvier, à +3,5% contre 3,6% précédemment pour les salaires bonus non compris, et 1,8% seulement contre 3,1% pour les salaires bonus compris, après ce qui apparaît en définitive comme une forte coupe dans les bonus financiers.
"Les perspectives de la consommation sont de pires en pires", a observé James Knightley, tandis que Tony Dolphin, de l'Institut pour la recherche en politique publique soulignait "le risque désormais réel d'une spirale de baisse de la demande entraînant une hausse du chômage suivie par une nouvelle baisse de la demande et ainsi de suite".
Aucun de ces économistes ne doute d'un chômage à trois millions de personnes dans les mois à venir. Pour M. Archer, le chômage devrait toucher 3,3 millions de personnes fin 2010 ou début 2011, pour un taux de chômage de 10,5%.
Tony Dolphin a souhaité un effort dans le budget d'avril, demandant une baisse d'impôt pour les ménages les plus pauvres, "ceux qui ont la plus grande propension à dépenser un revenu additionnel".
La forte poussée du taux de chômage britannique arrive à un moment où les gouvernements mondiaux s'interrogent sur la priorité à accorder à la relance budgétaire ou à la régulation pour régler la crise.
Le Royaume-Uni semble finalement vouloir montrer l'exemple dans les deux domaines.
Ainsi, assurant mercredi que le chômage était "un sujet de regret personnel pour lui-même et pour le gouvernement", le Premier ministre Gordon Brown a déclaré mercredi que ce dernier "ferait tout ce qu'il pourrait" pour remettre les gens au travail, laissant entrevoir un coup de pouce financier.
Au même moment, la FSA, gendarme des marchés britanniques, détaillait ses propositions de "réforme en profondeur de la régulation bancaire".