L'année 2010 "peut être l'année d'une reprise modérée" si la confiance revient dans les marchés et l'économie, a estimé mercredi le président de la Banque centrale européenne (BCE) Jean-Claude Trichet.
"Comme mon collègue Ben Bernanke, je pense que l'année 2009 sera très très difficile" et "nous sommes dans une période qui demeure très incertaine", a dit M. Trichet, interrogé sur Europe 1.
En revanche, "il y a un accord assez général de toutes les institutions publiques ou privées pour penser que 2010 peut être l'année de la reprise modérée de la croissance", a-t-il ajouté, en précisant qu'il s'agissait du "courant de 2010".
"Mais ce n'est pas acquis d'avance, cela dépend de la manière dont les autorités mais aussi nos concitoyens et les entreprises vont retrouver la confiance", a-t-il nuancé.
"Je ne suis pas un oracle et j'insiste sur le fait que l'important aujourd'hui c'est de retrouver la confiance", a-t-il insisté.
M. Trichet a souligné que la BCE avait pris "beaucoup de mesures très importantes non conventionnelles" pour lutter contre la crise depuis son intensification à la mi-septembre et qu'elle étudie "en ce moment s'il y a lieu de prendre des mesures complémentaires (...) qui seront différentes".
Il a ainsi rappelé que la BCE a "prêté des liquidités sans aucune limite à taux fixe à toutes les banques commerciales de la zone euro" et avec des garanties que "nous avons considérablement élargies", ce qui fait que le bilan de l'Eurosystème (BCE et banques nationales des pays membres) "a grossi de 600 milliards d'euros", soit "16% du produit intérieur brut" de la zone euro.
"C'est quelque chose de colossal", a-t-il fait valoir.
La BCE a également fortement abaissé ses taux directeurs, de 275 points de base au total, "parce que les pressions inflationnistes diminuaient substantiellement", et ils se trouvent actuellement à 1,5%.
"Aujourd'hui les taux interbancaires à six mois et un an sur l'euro sont inférieurs aux taux interbancaires sur le marché à New York", a-t-il noté.
Sans se prononcer sur une éventuelle nouvelle baisse des taux, il a répété que la BCE n'avait pas "pris la décision ex ante de considérer que 1,5% pour notre principal taux de refinancement des banques était le point le plus bas", même si celui-ci se situe déjà au niveau le plus bas depuis la deuxième guerre mondiale.
Il s'est dit en désaccord avec les propos du prix Nobel d'économie 2008 Paul Krugman, qui estime que la réponse des autorités européennes à la crise n'a pas été à la hauteur de la gravité de la situation.
"Les plans de relance européens sont des plans audacieux, il suffit de voir le niveau de déficits atteint par grand nombre de pays", et en même temps "il est important de convaincre nos concitoyens que le retour à l'équilibre (budgétaire) est dans la perspective stratégique", a-t-il conclu.
Mardi, M. Trichet avait par ailleurs mis en garde contre les réflexes protectionnistes de certains pays face à la crise, soulignant que "le XXe siècle nous a appris que le protectionnisme (était) une recette de désastre économique".