Le Kremlin a dévoilé lundi ses propositions en vue du sommet du G20 prévu début avril, insistant sur la nécessité de réformer un système économique mondial "unipolaire" et en voie selon lui de devenir "obsolète".
"La crise financière mondiale actuelle est le résultat de l'effondrement du système financier existant en raison d'une mauvaise gestion, qui a négligé des risques importants", indique le Kremlin dans ce texte publié sur son site internet.
"Le système unipolaire actuel, en voie de devenir obsolète, doit être remplacé par un système basé sur l'interaction de plusieurs centres principaux", juge la présidence russe.
Mais pour faire en sorte que cette nouvelle organisation ne soit pas "imprévisible", il est nécessaire de renforcer le système de régulation et de revoir le rôle des grandes institutions internationales, poursuit le texte.
Ce n'est pas la première fois que les dirigeants russes, en premier lieu le président Dmitri Medvedev et le Premier ministre Vladimir Poutine, s'en prennent à l'ordre économique mondial et leurs critiques avaient commencé dès avant l'éclatement de la crise financière actuelle.
Selon eux, la crise, qui frappe très durement la Russie, est largement à mettre au compte de facteurs extérieurs au pays, une thèse que mettent pourtant en doute nombre d'économistes.
La Russie entend présenter lors du sommet, prévu à Londres le 2 avril et auquel se rendra M. Medvedev, une série de huit mesures, détaillées dans le communiqué du Kremlin.
Moscou y suggère notamment l'adoption de normes macroéconomiques et budgétaires communes à tous les pays économiquement influents, ainsi que celle d'un cadre mondial pour la régulation et la supervision du système financier, comme par exemple ce qui touche aux agences de notation ou les fonds spéculatifs.
La Russie estime aussi que le nombre de monnaies servant de réserve dans les banques centrales doit être accru, et propose également la mise en place d'une "devise de réserve supra-nationale", qui serait émise par les institutions financières internationales comme le FMI.
Le rôle et le mandat de ce dernier devront en outre être revus et ses moyens fortement augmentés, estime Moscou.
La Russie insiste en outre sur la nécessité de coordonner l'aide aux pays pauvres, très affectés par la crise, et d'améliorer les connaissances économiques et financières des populations. Enfin, la planète ne peut pas se permettre de négliger les questions de sécurité énergétique et d'économies d'énergie, souligne le texte.
Le Kremlin suggère enfin à ses pairs de ne pas s'en tenir à ce seul sommet. Il souhaite pour sa part qu'il soit suivi d'une conférence internationale "afin de trouver un accord sur les grandes lignes la nouvelle architecture mondiale et permette d'adopter des conventions internationales sur un nouveau cadre de régulation financière mondial".