Le Liechtenstein et Andorre, qui figurent sur la liste noire de l'ocde des pays non-coopératifs en matière de fiscalité, ont décidé parallèlement jeudi de lâcher du lest sur leur secret bancaire alors que la pression internationale monte contre les paradis fiscaux à l'approche du G20.
Décidé à faire sortir Andorre de cette liste de l'Organisation de coopération et de développement économique, le Premier ministre libéral andorran, Albert Pintat, s'est engagé à faire approuver d'ici novembre un projet de loi qui lève le secret bancaire dans le cadre d'accords bilatéraux d'échange d'information fiscale avec d'autres Etats.
Ce texte doit être approuvé par le gouvernement avant le 1er septembre et "au plus tard le 15 novembre 2009" par le Parlement andorran, a assuré M. Pintat.
Au même moment, la Principauté du Liechtenstein, qui fut au coeur d'un scandale financier avec l'Allemagne il y a un an, annonçait son intention de revoir en profondeur son secret bancaire, qui la protégeait jusqu'à présent la transmission de toute donnée bancaire de ses clients à des pays étrangers.
"Le temps est venu d'adapter notre système d'entraide judiciaire et administrative dans le domaine de la fiscalité à de nouvelles bases", a expliqué le chef d'Etat du Liechtenstein, le prince Alois von und zu Liechtenstein, lors d'une conférence de presse à Vaduz.
"Reconnaissant" désormais les standards de l'OCDE sur la transparence et les échanges d'information sur la fiscalité, le Liechtenstein s'est engagé à communiquer aux autorités étrangères, sur demande et en cas de fraude et d'évasion fiscale avérée, des informations sur des comptes bancaires.
Afin d'appliquer ces normes, le Liechtenstein veut signer, comme Andorre, une série d'accords bilatéraux avec ses partenaires, sur le modèle de l'accord signé en décembre avec les Etats-Unis.
"Nous allons commencer à négocier demain avec l'Allemagne et ensuite avec le Royaume Uni", a indiqué le Premier ministre désigné Klaus Tschütscher. Les négociations avec la Grande Bretagne doivent commencer début avril, a précisé un porte-parole.
Alors que, à l'approche du sommet du G20 à Londres le 2 avril, la pression internationale se fait de plus en plus pressante sur les paradis fiscaux accusés de détourner du fisc des revenus de clients fortunés, le Liechtenstein et l'Andorre voient par cette manoeuvre une occasion de se mettre en conformité avec leurs partenaires économiques.
"La place financière (du Liechtenstein) aura des perspectives d'avenir", a assuré M. Tschütscher, ajoutant qu'"il serait fatal actuellement de rester immobile et de ne pas faire face aux changements".
"Bien sûr qu'il y aura des clients qui diront: +nous allons dans une autre place financière+", a relevé le prince, ajoutant espérer que ces changements attirent en fin de compte de nouveaux clients.
Les deux principautés comptent également être rayées de la "liste noire" des paradis fiscaux jugés "non-coopératifs" par l'OCDE, qui doit être réactualisée d'ici mi-2009.
"Nous espérons que les signaux envoyés (vers l'OCDE) seront considérés encourageants", a affirmé le Premier ministre sortant Otmar Hasler.
Avec ces concessions, le Liechtenstein et l'Andorre augmentent la pression sur la Suisse, également sous le feu des critiques pour son secret bancaire. La Confédération, très attachée au principe qui a fait sa fortune, étudie de près une sortie de crise.