Le milliardaire américain Warren Buffett, interrogé sur la chaîne de télévision CNBC, a estimé lundi que l'économie devrait être remise "dans cinq ans", bien que souhaitant que l'"on y arrive plus tôt", et a insisté sur le danger d'une montée de l'inflation.
"Les meilleurs jours pour l'Amérique (au niveau économique) sont devant nous, mais le rythme auquel nous y arriverons demeure en question", a expliqué M. Buffett, qui a qualifié l'ENVIRONNEMENT actuel de "Pearl Harbor économique", en référence à l'attaque par le Japon de la base militaire américaine en 1941.
Selon lui, les actions "promptes et avisées" de la Réserve fédérale américaine "ont permis d'éviter le pire". L'évolution de la situation économique, et notamment de l'inflation, "dépendra de la sagesse des politiques gouvernementales", a-t-il ajouté.
"Je suis plus optimiste (que quelques mois plus tôt), car le gouvernement (américain) a entrepris les mesures qui s'imposaient, et il l'a fait avec célérité", a souligné celui que les marchés ont surnommé "l'oracle d'Omaha", en référence à la petite ville du Nebraska où il vit.
M. Buffett, qui a appelé de ses voeux "un front uni immédiat" des partis républicain et démocrate "derrière le président (Barack) Obama", a prévenu que l'inflation pourrait déraper à des niveaux encore plus élevés que lors de la dernière grande vague de hausse des prix dans les années 1970.
"C'est difficile à déterminer, mais il est certain que nous commettons en ce moment des actions qui peuvent conduire à (créer) beaucoup d'inflation", a-t-il averti, en référence au doublement en quelques mois des engagements de la Fed.
M. Obama "est très intelligent, et il a fixé exactement les objectifs qu'il faut. Je pense qu'il est le meilleur +commandant-en-chef+ possible" pour la situation, a déclaré le milliardaire, qui avait apporté son soutien au sénateur de l'Illinois lors de sa campagne présidentielle.
Filant la métaphore militaire, M. Buffett a décrit la crise économique comme "une guerre importante, qui peut être remportée".
Toutefois, "le plan de soutien à l'économie ne constitue qu'une partie du processus de reprise, et d'autres étapes seront importantes", a-t-il tempéré, précisant que "ce qui est essentiel maintenant, c'est la clarté à propos de ce qui sera fait sur le système financier".
"Je n'ai jamais vu un tel niveau de peur auparavant" (parmi les investisseurs), a-t-il ajouté par ailleurs. "Cela prend cinq minutes pour prendre peur, mais reprendre confiance demande bien plus de temps. Or, le système ne fonctionne pas sans confiance."
Interrogé sur la santé en Bourse des valeurs bancaires, Warren Buffett a observé que des établissements comme Wells Fargo ou US Bancorp disposaient d'"excellentes perspectives à long terme".
Selon lui, une éventuelle faillite du constructeur automobile General Motors aurait des conséquences considérables. "Ce serait dur, très dur, et cela affecterait l'économie dans son ensemble. Ce serait une erreur de le laisser faire", a-t-il commenté.
La holding de M. Buffett, Berkshire Hathaway, est restée largement bénéficiaire en 2008 en dépit de l'effondrement des marchés, tandis que sa valeur nette d'actifs n'a perdu que moins de 10%.