Un groupe de 45 cabinets d'avocats de 25 pays, représentant des milliers de victimes du financier américain Bernard Madoff, a demandé lundi à New York la constitution d'un tribunal spécial.
"Il faut que nous trouvions une réponse mondiale à un problème mondial", a souligné au cours d'une conférence de presse Javier Cremades, un avocat espagnol président de cette "alliance internationale" créée en février à Madrid.
Une dizaine de milliers de clients de l'alliance sont des victimes de l'escroc, qui s'est accusé d'une fraude inédite portant, selon ses propres estimations, sur 50 milliards de dollars.
Arrêté le 11 décembre dernier, Bernard Madoff, 70 ans, est assigné à résidence et doit comparaitre à deux reprises cette semaine devant un tribunal de Manhattan chargé de la partie pénale de l'affaire. Il doit être officiellement traduit en justice jeudi.
"Les dimensions de l'escroquerie, son extension géographique, le nombre et la quantité d'individus et d'institutions affectés mettent en évidence la nécessité d'instaurer un tribunal financier international", a dit le président de l'association d'avocats.
Le juriste espagnol a indiqué que l'alliance avait établi des contacts avec les gouvernements du G20 pour faire avancer l'idée d'un tribunal qui pourrait avoir des liens avec l'Organisation des Nations Unies.
Les avocats de l'alliance doivent rencontrer mardi des dirigeants de la SEC, le gendarme boursier américain, et des responsables des commissions financières du Congrès à Washington.
"Cette situation est inédite. Et tout le monde est à la recherche de changements qui puissent redonner confiance dans le marché", a ajouté M. Cremades.
Selon un communiqué publié à New York, l'alliance représente un total de près de 5.000 avocats de 25 pays, dont les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne, l'Italie, les Pays-Bas, la Suisse, le Luxembourg, le Brésil, l'Argentine, le Mexique ou encore Israël.
L'un des objectifs essentiels des cabinets, qui estiment que l'affaire Madoff va engendrer jusqu'à 22.000 procédures dans le monde, est l'échange d'informations et la compilation de données.
"C'est la première fois qu'une telle alliance se met en place, mais c'est aussi la première fois qu'une fraude est mondiale", avait déclaré à Madrid Michel Pitron, du cabinet français Gide Loyrette Nouel.
D'après les enquêteurs, Bernard Madoff serait sur le point de plaider coupable.
Dans un document intitulé "Etats-Unis contre Bernard L. Madoff", remis au tribunal chargé de la plainte au pénal, le procureur Lev Dassin a annoncé vendredi dernier que le parquet allait "déposer une information concernant la décision de l'accusé d'éviter l'inculpation" par un jury, sans en préciser la date. Le document est "approuvé" et signé par l'avocat de Bernard Madoff, Me Ira Lee Sorkin.
"On peut en déduire qu'il va plaider coupable, même si ce n'est pas dit clairement", a commenté pour l'AFP Jacob Frenkel, ancien enquêteur de la SEC et ancien procureur fédéral.
"Cela signifie qu'il n'y aura pas de procès devant un grand jury qui prononce l'inculpation, et qu'on ira directement au verdict", a-t-il ajouté.