La tension persistait vendredi à la Guadeloupe, tandis que les discussions ont repris en Martinique et que des négociations s'annonçaient à la Réunion.
Les discussions ont repris en Martinique entre le patronat et le "Collectif du 5 février" qui anime le mouvement social contre la vie chère entré dans sa 5e semaine, paralysant l'économie.
Deux entreprises, employant quelque 80 salariés au total, ont déjà été placées en lockout, fermeture volontaire entraînant une suspension des contrats de travail.
Des voix commencent à s'élever chez les salariés du privé qui craignent de perdre leur emploi, alors que le Medef a entrepris de communiquer chaque jour des chiffres illustrant l'impact de la grève et des blocages des principales zones industrielles.
25.000 touristes ont annulé leur séjour depuis le début du conflit, selon l'organisation patronale, alors que 60 millions de bananes ont été perdues, sur la même période, bloquées au port ou sur les plantations.
Au centre de Fort-de-France, la plupart des magasins avaient toujours le rideau de fer baissé, même si certains tentaient de timides ouvertures de quelques heures.
En Guadeloupe, au lendemain de l'accord de sortie de crise, le "collectif contre l'exploitation", initiateur de 44 jours de grève générale, maintenait la pression.
"Nous n'arrêterons pas et je l'ai dit au préfet", a lancé jeudi soir sur Télé-Guadeloupe Elie Domota, emblématique dirigeant du LKP, à propos des manifestations et blocages d'entreprises qui se sont poursuivis.
"Soit ils appliqueront l'accord (prévoyant une augmentation salariale mensuelle de 200 euros), soit ils quitteront la Guadeloupe. Nous sommes très fermes sur cette question là. Nous ne laisserons pas une bande de békés rétablir l'esclavage", a-t-il ajouté.
Une référence directe aux descendants de colons blancs, accusés de monopoliser les richesses, qui ravive le spectre de tensions raciales dans une île à l'histoire marquée par l'esclavage.
Et alors qu'une bonne partie du patronat guadeloupéen reste rétif à l'accord conclu dans la nuit de mercredi à jeudi pour mettre fin au conflit, M. Domota a appelé à boycotter les entreprises refusant de l'appliquer, notamment dans la grande distribution.
Le texte négocié par le LKP, extrêmement détaillé, compte 165 articles aussi bien sur le prix de la baguette, l'embauche d'enseignants ou l'octroi de billets d'avions à prix réduits.
L'accord "Jacques Bino", du nom du syndicaliste tué par balle lors de deux journées d'émeutes qui ont secoué l'île, prévoyant une augmentation de 200 euros des bas salaires lui est annexé.
A La Réunion, dans l'océan Indien, jusque là épargnée par le conflit, des négociations devaient s'ouvrir dans la journée entre pouvoirs publics, patronat, présidents des assemblées locales et le Collectif contre la vie chère qui appelle à une grève générale reconductible à partir de mardi.
"Ces négociations porteront sur les prix, les salaires et les loyers", a annoncé le préfet. Et de promettre des discussions "non-stop s'il le faut", dans l'espoir avoué de parvenir à un accord avant le début du mouvement.
Alors que le Collectif, qui a rassemblé jeudi des milliers de manifestants, réclame ici encore 200 euros nets de hausse des bas salaires, le préfet a rappelé que l'Etat apporterait 100 euros et exonèrerait de cotisations sociales la part versée par les entreprises.
Dès jeudi, il avait annoncé une baisse du prix de la bouteille de gaz la semaine prochaine et une baisse du prix des carburants fin mars-début avril, figurant parmi les 62 revendications du Collectif.