La Russie et l'Espagne, qui présidera l'Union européenne début 2010, ont mis mardi en scène leur rapprochement, tout particulièrement en matière énergétique, au terme d'une visite d'Etat de deux jours à Madrid du président russe Dmitri Medvedev.
Un "objectif prioritaire" de la présidence espagnole de l'UE sera "d'avancer dans la relation avec la Russie", surtout sur le thème de l'énergie, a souligné le chef de gouvernement espagnol José Luis Rodriguez Zapatero lors d'une conférence de presse commune avec M. Medvedev.
Cette prise de position intervient alors que les Européens ont été privés pendant 15 jours en janvier de la majeure partie du gaz russe qu'ils recevaient jusqu'alors, Moscou ayant interrompu les livraisons transitant par l'Ukraine en raison d'un conflit avec ce pays sur le prix du gaz et des arriérés de paiement.
M. Medvedev, qui a terminé mardi sa première visite d'Etat en Espagne, s'est félicité du "nouveau degré de coopération" atteint entre Moscou et Madrid, avec la signature de plusieurs accords, dont un autorisant le transit par la Russie de militaires et de matériels espagnols vers l'Afghanistan.
Mais le principal point d'entente porte sur l'énergie, avec la signature mardi d'un "protocole d'accord de coopération sur l'énergie" entre les deux pays sur le pétrole, le gaz, le charbon et les énergies renouvelables.
Il s'agit d'un "accord très large" avec la Russie, pays clef en terme de ressources énergétiques, qui permettra de "renforcer la sécurité de l'approvisionnement" espagnol, a déclaré M. Zapatero.
Les deux pays prévoient de coopérer en matière de prospection et exploration pétrolière, de développement de "nouvelles technologies propres", de transport de gaz naturel et de production d'électricité à partir d'énergies renouvelables et propre, selon un communiqué de la présidence du gouvernement espagnol.
Plusieurs compagnies russes et espagnoles du secteur ont signé parallèlement des accords particuliers, notamment le géant gazier russe Gazprom avec l'espagnol Gas Natural.
Ces deux groupes prévoient de coopérer en matière de transport de gaz, d'exploration, a expliqué le directeur général de Gazprom, Alexeï Miller, qui voyageait avec M. Medvedev.
L'Espagne, qui est aujourd'hui très peu dépendante du gaz russe, affiche cette entente cordiale avec la Russie sur l'énergie après des crispations provoquées fin 2008 par les vues du pétrolier russe Loukoïl sur le numéro un espagnol du secteur, Repsol YPF.
Loukoïl avait envisagé une prise de participation d'environ 20% dans Repsol YPF, mais ce projet, qui avait provoqué de fortes réticences en Espagne par crainte d'une perte d'indépendance énergétique, a finalement semblé abandonné.
Le président de Repsol, Antoni Brufau, a récemment déclaré qu'il appartenait "au passé".
MM. Zapatero et Medvedev ont tenu à minimiser l'épisode. "Personne n'a fermé la porte à des négociations entre Loukoïl et Repsol et la Russie a toujours favorisé la coopération entre les entreprises russes et espagnoles", a déclaré M. Medvedev. M. Zapatero a assuré que ce sujet concernait essentiellement les entreprises en question.
Les deux pays ont parallèlement affiché leur "accord" sur les objectifs du prochain sommet du G20 à Londres sur la crise financière qui devra déboucher sur "une réforme du système financier international", selon M. Zapatero.
Il faudra à Londres arriver à des "accords juridiquement contraignants", a insisté M. Medvedev.