La banque britannique HSBC, première banque d'Europe par la capitalisation, a annoncé lundi une augmentation de capital de 12,5 milliards de livres (14,1 mds EUR) après une chute de 70% de son bénéfice net part du groupe, et elle va supprimer plus de 6.000 emplois aux Etats-Unis.
Le bénéfice net part du groupe est passé à 5,728 mds USD en 2008, mais il est amputé de 24,937 milliards de dollars de charges pour dépréciation pour risques de crédit (contre déjà 17,2 milliards en 2007) et de 10,564 milliards de dollars de dépréciation du goodwill, liée à l'activité de prêt aux particuliers des entités HFC et Beneficial aux Etats-Unis.
HSBC a annoncé la suspension de l'activité de ces marques, tout en continuant à gérer les prêts existants, et la fermeture de la majorité du réseau. Cela aboutira à la suppression de 6.100 emplois aux Etats-Unis.
"Avec le recul, c'est une acquisition que nous aurions souhaité ne pas avoir faite", a commenté le président de HSBC Stephen Green dans le communiqué.
L'augmentation de capital annoncée par ailleurs est la plus grosse jamais réalisée en Grande-Bretagne. Elle se fera à un prix représentant à peine un peu plus du prix de clôture de vendredi, à 254 pence, et à raison de cinq nouvelles actions pour douze déjà en circulation.
HSBC indique que cette opération renforcera "ses capacités de réaction aux incertitudes économiques et de réponse aux évènements imprévus", sans exclure "des acquisitions ciblées".
Le groupe a annoncé par ailleurs une baisse de 28,9% de son dividende en dollars pour l'année 2008, à 64 cents.
Ses ratios sont cependant demeurés "solides" en 2008, avec 8,3% pour le ratio Tier 1 et 11,4% pour le ratio global au 31 décembre, et l'augmentation de capital devrait les élever de 150 points de base chacun.
Les annonces faisaient plonger le titre HSBC de 20,31% à la Bourse de Londres vers 12h00 GMT, dans un marché en baisse de 4,57%.
Les principaux directeurs du groupe ont par ailleurs renoncé à leur bonus de 2008.
Le bénéfice d'exploitation a été divisé par trois, passant de 22,7 milliards de dollars en 2007 à 7,65 milliards de dollars en 2008. Le bénéfice net a baissé dans les mêmes proportions, passant de 20,46 à 6,5 milliards de dollars.
Le résultat avant impôt a baissé de 62% à 9,3 milliards de dollars, et de 18% seulement à 19,9 milliards de dollars hors dépréciation des écarts d'acquisition.
La banque, très tournée vers l'Asie, a enregistré des bénéfices dans toutes les régions du monde à part l'Amérique du Nord, où la perte a représenté 15,528 milliards de dollars (dépréciation du goodwill comprise), contre 166,8 millions l'an dernier.
Revenant sur la crise, M. Green a reconnu que "le secteur bancaire a commis plusieurs erreurs". "Il est important de rappeler que de nombreux banquiers ont eu le souci quotidien d'apporter les meilleurs services à leurs clients, mais nous devons également reconnaître qu'un trop grand nombre d'acteurs du secteur ont profondément nui à sa réputation", selon lui.
En particulier, "beaucoup ont vendu des produits inadaptés de façon inadaptée" et "les politiques de rémunération ont échappé à tout contrôle et des mesures d'incitation pernicieuses ont conduit à des pratiques dangereuses", a-t-il admis.
"Le secteur doit revenir à des pratiques correctes et appropriées dans l'exercice de ses activités", a-t-il encore estimé.
Il a "remercié sincèrement" les salariés du groupe "pour leur efforts et leurs résultats" à un moment où le secteur bancaire "est considérablement exposé à l'opinion publique" et où "les banques font indistinctement l'objet d'une défiance généralisée".
Enfin, M. Green a considéré que "les douze prochains mois seront difficiles" et marqués par une hausse du chômage en 2009 au Royaume-Uni et aux Etats-Unis, "moteur de l'économie mondiale".