La communauté internationale a promis lundi près de 4,5 milliards de dollars pour la reconstruction de la bande de Gaza et la relance de son économie après l'offensive israélienne, exigeant la levée du blocus israélien qui asphyxie le territoire palestinien.
"Nous avons recueilli aujourd'hui 4,481 milliards de dollars pour les deux prochaines années", a déclaré le chef de la diplomatie égyptienne Ahmed Aboul Gheit en lisant le communiqué final d'une conférence qui a réuni 75 donateurs internationaux dans la cité balnéaire égyptienne de Charm el-Cheikh.
Il a affirmé qu'il s'agissait de nouvelles promesses d'aides et n'incluait pas les engagements pris par le passé par les donateurs.
"Cela dépasse nos attentes", a-t-il ajouté.
Ces fonds, ont souligné les donateurs, devront être distribués grâce à des mécanismes déjà en place, via l'Autorité palestinienne et non par le Hamas islamique, maître de Gaza depuis son coup de force de 2007.
Les donateurs ont également pressé Israël de rouvrir "immédiatement" les points de passage avec Gaza pour permettre sa reconstruction.
Ils ont aussi "exprimé leur inquiétude devant l'absence d'un accord de trêve" consolidant le cessez-le-feu qui a mis fin le 18 janvier à l'offensive israélienne à Gaza.
Les participants ont aussi insisté sur la nécessité de la conclusion d'une "réconciliation" entre le Hamas et l'Autorité palestinienne.
Celle-ci réclamait 2,8 milliards de dollars d'aide -- 1,3 md pour la reconstruction et le développement économique à Gaza et 1,5 mds pour combler le déficit budgétaire 2009 -- à l'occasion de cette conférence organisée six semaines après la meurtrière et destructrice guerre de Gaza (27 décembre-18 janvier).
Le ministre palestinien du Plan, Samir Abdallah, s'est félicité des promesses obtenues. "Cette conférence à été une réussite à 100%", a-t-il dit à l'AFP.
Parmi les grands donateurs figurent les Etats-Unis avec une aide de 900 millions de dollars. La Commission européenne s'est engagée à débloquer une aide de 554 millions de dollars en 2009, alors que l'Italie a annoncé une contribution de 100 millions de dollars sur quatre ans.
Les monarchies du Golfe devraient quant à eux donner 1,65 milliards de dollars sur cinq ans, dont un milliard provenant d'Arabie saoudite.
"Un simple retour au statu quo ante ne suffira pas. Nous devons mettre Gaza sur le chemin vers la prospérité durable", a déclaré le Premier ministre palestinien Salam Fayyad en présentant le plan.
La conférence a été ouverte par le président égyptien Hosni Moubarak en présence de 75 délégations du monde entier, qui ont insisté en s'engageant à aider Gaza sur la nécessité d'une relance du processus de paix entre les Palestiniens et Israël, où le gouvernement le plus à droit de l'histoire du pays est en cours de formation.
Le président français Nicolas Sarkozy a ainsi préconisé la tenue en Europe "d'un sommet de relance de la paix" en vue d'un accord sur un Etat palestinien viable.
La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a souligné qu'"en accordant une aide humanitaire à Gaza, nous cherchons aussi à promouvoir les conditions dans lesquelles un Etat palestinien pourra aboutir".
Le président palestinien Mahmoud Abbas a pour sa part averti que les "efforts de reconstruction et de développement resteront insuffisants, impuissants et menacés, en l'absence d'un règlement politique".
Une réunion informelle du Quartette pour le Proche-Orient (USA, UE, ONU et Russie) s'est tenue en marge de la conférence.
Dans un communiqué à Gaza, le Hamas, considéré comme un mouvement terroriste en Occident, a rejeté "toute exploitation politique" de l'aide, affirmant que les donateurs iraient "dans la mauvaise direction" en essayant de le contourner.