Le député PS Michel Sapin a dénoncé vendredi une "irresponsabilité grave" et un "abus de pouvoir", dans l'arrivée d'un proche du président à la tête du futur groupe Caisse d'Epargne-Banque populaire.
L'ancien ministre de l'Economie, initiateur de la "loi Sapin" en 1993, a affirmé à l'AFP qu'"on est en train de créer un péril supplémentaire pour ces entreprises, qui sont déjà aujourd'hui dans une situation très difficile".
"Au lieu d'avoir un management tout entier tourné vers le redressement d'une entreprise, on va avoir un management qui sera contesté, y compris pénalement", juge le secrétaire national du PS à l'économie.
Il est "indispensable de mettre l'entreprise et l'Etat à l'abri des tumultes", juge-t-il. Il faut "que la Commission soit saisie et donne en toute objectivité son opinion".
"Cette transparence et cette nécessité de mettre une muraille entre les fonctions que l'on exerce dans le public et dans le privé est fondamentale", selon M. Sapin. C'est "une règle pas simplement morale, mais aussi de bon fonctionnement des institutions et de bon fonctionnement des entreprises".
La consultation de la Commission de la déontologie est devenue "facultative en 2007", rappelle M. Sapin, mais elle "doit toujours être saisie lorsque le cas est litigieux pour mettre à l'abri, et la personne concernée et l'entreprise dans laquelle elle est nommée, de poursuites pénales toujours possibles".
M. Sapin juge "scandaleux" le "mensonge" du chef de l'Etat --"puisque Nicolas Sarkozy a menti, disant que la Commission avait été saisie".
Il estime également "qu'on est en train de jeter le soupçon sur un homme sûrement parfaitement honnête et sur les conditions dans lesquelles l'Etat est entré au capital".