Les Caisses d'Epargne veulent faire entendre leur voix dans la fusion avec les Banques Populaires, laissant planer la menace d'un vote négatif si certaines conditions ne sont pas remplies, a appris mardi l'AFP de sources proches du groupe mutualiste.
Selon plusieurs sources, il est "possible" que le conseil de surveillance du groupe, qui réunit les représentants des caisses d'épargne régionales et des salariés, et doit se réunir ce mardi puis jeudi pour se prononcer sur le mariage, vote contre.
D'autres sources jugent toutefois ce scénario peu probable: l'Ecureuil n'a "pas le choix" car il a besoin de l'argent de l'Etat pour renforcer ses fonds propres et n'a pas les moyens de résister à sa "pression", estime ainsi Serge Huber, représentant des salariés au conseil.
En attendant ce vote crucial, les Ecureuils ne cachent pas leur mécontentement. Principal sujet, la place de l'Etat, qui pourrait prendre jusqu'à 20% du nouvel ensemble, en échange de son aide en fonds propres.
M. Huber juge "scandaleux" que l'Etat décide à la place des Caisses d'Epargne, qui ont "mis beaucoup d'argent" pour recouvrer leur indépendance. L'Ecureuil s'est affranchi en 2006 de la tutelle de la Caisse des dépôts, déboursant à cette fin 7 milliards d'euros.
D'autres ne digèrent pas la "différence de traitement" entre le groupe mutualiste et BNP Paribas, à qui l'Etat aura prêté en tout 5,1 milliards d'ici l'été sans contrepartie. "C'est injuste et humiliant", estime un dirigeant.
"Il y a une vraie révolte au sein du groupe contre les méthodes de l'Etat, qui sont des méthodes de voyou", renchérit une autre source.
Autre sujet de crispation, la gouvernance, les représentants des Caisses d'Epargne souhaitant une structure à directoire et conseil de surveillance tandis que l'Etat pencherait plutôt pour l'OPTION d'un conseil d'administration avec directeur général.
Enfin, les Ecureuils ne veulent pas que la présidence non exécutive du nouveau groupe échoie à Philippe Dupont, le patron du groupe Banque Populaire et président du directoire de Natixis, la filiale commune aux deux banques mutualistes en sérieuses difficultés.
En revanche, "le principe d'avoir un exécutif qui vienne de l'extérieur, était acquis voire souhaité", selon l'une de ces sources, précisant que les administrateurs ne sont pas opposés à la candidature de François Pérol, secrétaire adjoint de l'Elysée.
Le schéma de fusion, qui exclut pourtant du périmètre du futur organe central la plupart des filiales des deux groupes, les satisfait également. Pragmatique, un Ecureuil juge en effet que les filiales ont vocation à être "apportées après la crise, quand leur valorisation sera possible" afin de renforcer l'organe central.