
Le baromètre de confiance Ifo a reculé à son plus bas niveau historique en février, alimentant les craintes d'une longue traversée du désert de l'économie allemande, durement touchée par la crise en raison de sa dépendance aux exportations.
Le climat des affaires dans le pays, mesuré par le baromètre Ifo, a reculé à 82,6 points en février contre 83 points en janvier, selon des chiffres publiés mardi légèrement inférieurs aux attentes.
L'Ifo est l'indicateur de confiance jugé le plus fiable pour évaluer l'état actuel et les perspectives de la première économie européenne. En janvier, il était légèrement remonté, nourrissant les espoirs d'une stabilisation de la conjoncture à la mi-année.
Les quatre remontées successives de l'autre grand indicateur de confiance (Zew), qui mesure les attentes des milieux financiers, semblaient pointer dans la même direction.
Mais "globalement, les résultats du sondage n'annoncent pas de retournement conjoncturel", a estimé le président de l'institut Ifo Hans-Werner Sinn, cité dans un communiqué.
Les industriels interrogés se sont montrés légèrement moins pessimistes concernant l'évolution de la conjoncture d'ici à six mois, et ce pour la deuxième fois d'affilée, selon le détail du sondage auprès de quelque 7.000 entrepreneurs. Mais leur évaluation des affaires courantes s'est encore dégradée, ce qui témoigne de la sévérité de la récession en cours dans le pays.
L'Allemagne, qui a bâti sa prospérité sur les exportations, est frappée de plein fouet par le ralentissement de la demande mondiale et se prépare à vivre en 2009 la pire crise économique depuis l'après-guerre.
Le gouvernement attend un recul de 2,25% du Produit intérieur brut en 2009, mais les économistes sont plus pessimistes, certains n'hésitant pas à prévoir une chute de 5%.
Dans l'industrie manufacturière, poumon de l'économie du pays, les entrepreneurs s'attendent à une nouvelle réduction de leurs ventes à l'export et prévoient de réduire encore leurs effectifs, explique l'institut.
Les commerçants de détail ont apporté une note positive, se déclarant plus confiants sur le présent et l'avenir. La prime à la casse contenue dans le paquet de relance gouvernemental porte ses fruits, indique l'institut bavarois.
Avec la nouvelle amélioration des attentes des entrepreneurs, c'est le deuxième bon point de l'Ifo de février, souligne Andreas Reeves d'UniCredit.
"Ces deux facteurs suggèrent que l'économie allemande ne sera probablement pas entraînée dans une spirale de baisse", juge l'économiste.
Mais les attentes restent à un niveau très bas, ce qui veut dire aussi que le scénario d'une stabilisation de l'économie à la mi-2009, en clair un retour à une croissance zéro, n'est pas chose acquise, ajoute-t-il.
Avis partagé par Alexander Krüger de Bankhaus-Lampe, pour qui il y a, dans l'Ifo de février, plus de "raisons de s'inquiéter que de reprendre courage".
Les risques restent de surcroît élevés. La crise financière pourrait s'intensifier à nouveau, souligne Jörg Krämer de la Commerzbank, pointant la situation précaire des pays d'Europe de l'Est, ce qui repousserait encore la perspective d'une fin de la récession.
Le baromètre allemand conjugué à la baisse record de l'activité dans la zone euro mesurée par l'indice composite des directeurs d'achat (PMI), "suggèrent que les inquiétudes sont si élevées que la BCE va non seulement abaisser son taux de 2 à 1,50% la semaine prochaine, mais aussi au printemps pour descendre à 1%", selon lui.