La mise en garde de la Commission européenne pour déficits excessifs à l'encontre de six pays, dont la France, est "une bonne chose" au regard du Pacte de stabilité, a jugé vendredi le président de la Banque centrale européenne (BCE), Jean-Claude Trichet.
Toutefois, ce pacte a été "amendé" et doté d'une certaine flexibilité pour tenir compte de situations exceptionnelles et les pays membres de la zone euro doivent "utiliser (cette) marge de manoeuvre", a-t-il dit lors d'une conférence de presse à l'European American Press Club à Paris.
Le Pacte de stabilité tolère des déficits publics d'un maximum de 3% du produit intérieur brut (PIB).
M. Trichet a cependant averti que le retour de la confiance dans l'ensemble de l'économie dépendrait de "la capacité des décideurs de démontrer" qu'ils savent à moyen terme rétablir "une situation normale" des comptes publics.
M. Trichet a par ailleurs écarté implicitement les risques de déflation en zone euro à moyen terme, c'est-à-dire d'une baisse des prix prolongée néfaste pour l'économie, notamment parce qu'elle incite le consommateur à attendre que les prix baissent encore avant d'acheter, ce qui paralyse un peu plus l'activité.
"Nous allons avoir une inflation qui sera très, très basse dans la zone euro en moyenne" cette année à cause de la chute des prix pétroliers, ce qui est "positif", mais les "anticipations d'inflation (sont) en ligne avec notre définition de la stabilité des prix à moyen terme", à savoir une inflation juste en-dessous de 2%, a expliqué M. Trichet.
Interrogé par ailleurs sur la politique américaine et japonaise de taux d'intérêts à taux zéro pour soutenir l'économie, il a estimé qu'elle comportait "un certain nombre d'inconvénients" et qu'elle avait une portée limitée.
Toutefois, la BCE est "alerte et pragmatique", a-t-il fait valoir, manière de dire qu'en cas de besoin, de telles mesures pourraient ne pas être exclues.