Les finances publiques du Royaume-Uni ont dégagé en janvier un excédent nettement plus élevé que prévu, grâce à un changement de classification des interventions de l'Etat au profit des banques RBS et LBG, a annoncé jeudi l'Office des statistiques nationales (ONS).
L'excédent du mois dernier s'est élevé à 25,1 milliards de livres (28,3 milliards d'euros), quand les économistes tablaient sur un excédent correspondant de 7,7 milliards de livres seulement, selon une compilation de leurs estimations citée par la banque Calyon. Un an plus tôt, le Royaume-Uni avait dégagé un excédent légèrement supérieur, de 25,5 milliards.
En revanche, les emprunts nets du secteur public, mesure préférée des économistes pour évaluer les performances budgétaires du Royaume-Uni, ont fait ressortir un excédent plus faible qu'attendu, à 3,3 milliards de livres contre 7 milliards anticipés, et 13,9 milliards un an plus tôt.
Il s'agit du plus petit excédent de janvier depuis 14 ans, selon l'ONS.
Depuis le début de l'année budgétaire en avril, les emprunt nets du service public se sont élevés à 67,2 milliards de livres, la somme la plus élevée depuis que la statistique a commencé en 1993, et trois fois plus que l'an dernier à même époque.
La TVA réduite à 15% au lieu de 17,5% a rapporté 5,8 milliards de livres en janvier contre 7,2 milliards en janvier 2008.
L'ONS a ajouté qu'il avait décidé d'intégrer dans le périmètre de l'Etat les comptes des banques Royal Bank of Scotland (RBS) et Lloyds Banking Group (LBG), qui ont été partiellement nationalisées dans le cadre des plans de sauvetage du secteur bancaire, avec effet rétroactif au 13 octobre 2008.
L'Etat britannique est en effet en passe de détenir près de 70% du capital de RBS, et possède plus de 43% de celui de LBG.
Cette décision devrait gonfler la dette publique de l'ordre de 1.000 à 1.500 milliards de livres, soit "entre 70 et 100% du PIB", alors que celle-ci s'élève pour l'instant à 47,8% du PIB, a précisé l'ONS, ajoutant que le calcul exact de cet impact prendrait plusieurs mois.
Mais elle a eu aussi des effets paradoxalement positifs sur les finances publiques, puisque les aides apportées par l'Etat à ces deux banques ont été classifiées comme de simples "transferts internes", au lieu d'apparaître comme des charges, d'où l'excédent public mensuel très supérieur aux attentes enregistré en janvier.
Cependant les économistes se sont fortement inquiétés de ces chiffres, jeudi. Pour Jonathan Loynes de Capital Economics, "ils confirment que le ralentissement de l'économie commence à mordre très durement sur le budget". Selon lui, "au rythme actuel, les emprunts nets vont atteindre 100 milliards de livres cette année, soit 20 milliards de plus que la prévision" officielle.
De même, Andrew Goodwin, du club économique ITEM du cabine Ernst & Young, a-t-il estimé que "les finances publiques continuaient à se détériorer à une vitesse alarmante". "Janvier est un mois important pour les recettes fiscales, donc, enregistrer un surplus qui ne soit que le quart de celui de l'an dernier souligne la sévérité de la situation".
Howard Archer, de IHS Global Insight, a qualifié les résultats de "terribles". "Au rythme où les finances publiques britanniques se détériorent, les paris sont ouverts pour savoir jusqu'où le déficit peut aller dans les deux prochaines années", a-t-il conclu.