La Commission européenne, qui a enclenché mercredi la première étape de procédures pour déficits excessifs contre six pays, dont la France, a demandé elle-même aux Etats membres de "faire de la dépense publique", a déclaré jeudi la ministre française de l'Economie Christine Lagarde.
"La Commission européenne, il y a un mois et demi, nous a tous demandé de faire de la dépense publique, parce que la dépense publique et l'investissement public sont le meilleur levier pour relancer nos économies", a affirmé Mme Lagarde sur la radio RMC.
"On ne peut pas d'un côté nous dire +faites de la croissance en faisant de l'investissement public+, en finançant votre investissement public par du déficit quand vous n'êtes pas encore excédentaire, et de l'autre côté nous affliger d'un blâme", a-t-elle ajouté.
"Une quinzaine d'Etats européens", selon elle, devraient d'ailleurs dépasser "dans les mois qui viennent" la limite au-delà de laquelle l'Union européenne peut rappeler à l'ordre ses membres.
La procédure pour déficits excessifs vise, via des recommandations précises, à mettre la pression sur les Etats fautifs pour qu'ils ramènent leurs déficits dans la limite maximale tolérée dans l'Union européenne (3% selon le Pacte de stabilité européen), et peut aller jusqu'à l'adoption de sanctions.
Le ministre français du Budget Eric Woerth a affirmé mardi que le déficit public français dépasserait "forcément 4,4% du PIB en 2009". Le gouvernement prévoyait jusqu'alors que le déficit public de l'Etat grimpe à 3,2% du PIB en 2008 puis à 4,4% en 2009.
M. Woerth a estimé jeudi sur la chaîne de télévision Canal+ que la mise en garde de Bruxelles était "un peu gonflée". "A la fois Bruxelles nous dit il faut que les Etats européens combattent la crise et augmentent leurs dépenses publiques (...) puis de l'autre, attention vous allez dépasser les déficits qui étaient prévus", a-t-il ajouté.