La Commission européenne s'est dite "préoccupée" mercredi par la "volatilité" des monnaies des pays d'Europe de l'Est, dont plusieurs ont fortement chuté, tout en se montrant prudente sur l'idée d'un grand plan de l'Union européenne pour aider ces Etats.
"Je suis préoccupé par l'évolution de la volatilité des taux de change de certains Etats membres de l'UE qui ont des régimes flottants" de changes, a déclaré M. Joaquin Almunia, au cours d'une conférence de presse.
"Je suis aussi préoccupé par la possibilité que certaines déclarations publiques aient accéléré cette évolution", a-t-il encore souligné, alors que le Premier ministre polonais Donald Tusk s'est dit prêt mardi à intervenir pour défendre le zloty si son cours devait trop chuter.
"Je demanderais aux autorités (...) de tous les Etats membres de l'UE de faire très attention quand elles font des déclarations publiques. Car les marchés sont très nerveux et parfois, ils ne comprennent pas très bien" ces déclarations, a-t-il dit.
Mercredi, le président de la Banque centrale polonaise (NBP), Slawomir Skrzypek, a aussi estimé que son pays n'était pas encore prêt à engager la procédure conduisant à l'adoption de l'euro.
"Nous n'y sommes pas préparés. Le cours du zloty n'est pas suffisamment stable pour pouvoir entrer dans le système ERM2", a déclaré M. Skrzypek dans une interview.
Le mécanisme européen de change ERM2 est l'antichambre de la monnaie unique. Il limite l'évolution du taux de change de la monnaie nationale d'un pays candidat dans une fourchette de plus ou moins 15%, pendant deux années avant l'adoption de l'euro.
Le gouvernement libéral de Donald Tusk avait fixé le cap de 2012 pour l'entrée de son pays dans la zone euro. Néanmoins, face aux bouleversements sur les marchés internationaux, il a admis récemment l'éventualité d'une date ultérieure.
Mardi, les monnaies de plusieurs pays d'Europe de l'Est -- le forint hongrois, la couronne tchèque ou le leu roumain -- ont connu de fortes turbulences en raison d'inquiétudes sur la situation des banques de ces pays et de craintes de retraits massifs de capitaux.
Le vice-Premier ministre tchèque chargé des Affaires européennes, Alexandr Vondra, a rejeté de son côté mercredi l'idée de "mesures exceptionnelles" comme une intervention pour soutenir la devise nationale.
Sur le plan strictement économique, M. Almunia s'est dit également "inquiet" de la situation de certains de ces pays, alors que l'Autriche milite depuis plusieurs semaines en faveur d'un plan d'action européen concerté pour les banques et pays d'Europe de l'Est sans grand succès à ce jour.
"Je partage pleinement les inquiétudes (...) concernant le risque qu'engendre la situation dans des pays tels que l'Ukraine, la Serbie, la Croatie ou la Roumanie, qui est membre de l'UE", a dit le commissaire.
"Et nous partageons pleinement les inquiétudes des banques privées d'Europe occidentale qui ont des filiales et mènent des opérations dans ces pays", a-t-il dit.
Mais il s'est montré réservé sur l'idée d'un grand plan paneuropéen d'aide.
"Nous sommes prêts à discuter avec les autorités de tous ces pays", afin de "les aider à coordonner le type de soutien qui est nécessaire pour éviter une aggravation de la crise", a dit M. Almunia, tout en précisant: "Ce que nous ne pouvons pas faire, c'est utiliser les mêmes instruments pour tous ces pays" car ils ont des statuts différents par rapport à l'UE.