
L'Espagne a subi au quatrième trimestre un repli de son PIB, de 1% par rapport au précédent, qui scelle l'entrée en récession du pays pour la première fois depuis 1993, selon les chiffres provisoires de l'Institut national de statistique (INE) publiés jeudi.
L'Espagne, un des anciens champions de la zone euro de la croissance, rejoint ainsi la cohorte des pays européens qui subissent un repli de leur activité: Grande-Bretagne, Allemagne, Italie...
Le produit intérieur brut espagnol a reculé au quatrième trimestre de 1% par rapport au troisième, a annoncé l'INE. L'information était attendue: la Banque d'Espagne avait déjà annoncé fin janvier que l'activité s'était contractée au quatrième trimestre.
Sur l'ensemble de l'année 2008, le PIB a progressé de 1,2%, bien loin des 3,7% de 2007. Il s'agit de chiffres provisoires devant être confirmés le 18 février.
L'Espagne, qui sort de plus d'une décennie de très forte croissance alimentée notamment par le boum du secteur de la construction, est brutalement entrée dans la crise en 2008, à cause de l'explosion de la bulle immobilière et la situation financière internationale.
Le chômage est en train de connaître une envolée vertigineuse, ce qui contribue à plomber la consommation des ménages, ancien moteur de la croissance espagnole désormais en panne.
"La contraction du PIB est la conséquence d'une contribution négative de la demande nationale, partiellement compensée par la contribution positive du secteur extérieur", explique l'INE.
C'est la première récession en Espagne depuis 15 ans. La dernière période de recul de l'activité, qui avait duré 12 mois en variation trimestrielle, remonte au dernier semestre de 1992 et au premier de 1993.
Et la situation ne devrait pas s'améliorer en 2009. Le gouvernement prévoit une contraction du PIB de 1,6%. La Commission européenne table, elle, sur un recul de 2% du PIB espagnol ce qui placerait le pays sous la moyenne européenne (-1,8%).
L'Espagne, qui a bâti sa croissance passée en s'appuyant sur des activités très consommatrices de main d'oeuvre, comme le bâtiment, regarde maintenant, désemparée, le chômage s'envoler, ce qui ne va pas contribuer à relancer la consommation.
Pour le seul mois de janvier, près de 198.000 personnes sont allées s'inscrire sur les listes du chômage.
C'est le principal défi pour le chef du gouvernement, le socialiste José Luis Rodriguez Zapatero. "Si quelque chose m'empêche de dormir, ce sont les gens qui perdent leur travail", a-t-il déclaré fin janvier lors d'une émission de télévision.
Le taux de chômage s'est établi à 13,91% fin 2008, niveau le plus élevé de l'Union européenne, avec une hausse de 1,28 million du nombre des chômeurs en un an, et le gouvernement prévoit qu'il monte à 15,9%. Certains observateurs sont plus pessimistes.
"Il est évident que le marché du travail en Espagne ne fonctionne pas bien", a déclaré jeudi à la radio nationale le Commissaire européen aux Affaires économiques, Joaquin Almunia.
"L'Espagne est actuellement le pays de l'UE qui a le plus fort taux de chômage et les prévisions, si rien ne change, ne sont pas bonnes", a-t-il ajouté, appelant à un "débat" pour réformer le marché.
Il a également relevé que, par le passé, il y a eu en Espagne "un excès d'activités liées par exemple au logement, qui a introduit des éléments de saisonnalité et de précarité sur le marché du travail, qui doivent nous faire réfléchir sur le modèle de croissance espagnol".