Les recrutements de cadres devraient chuter en 2009 avant de quasi stagner en France les trois années suivantes sur fond de récession, selon une étude publiée jeudi par l'Association pour l'emploi des cadres (Apec), qui n'espère une reprise qu'en 2013.
En 2008, les embauches ont dépassé 199.400, après un repli de 4% dû notamment à un "sévère ralentissement au dernier trimestre", rappelle-t-elle.
S'appuyant sur les prévisions de la Commission européenne en matière de croissance économique pour 2009 (-1,8% pour la France) et sur le lien entre emploi des cadres et investissement des entreprises, l'Apec prévoit une chute des embauches de 17% à 165.000, notant que cela reste deux fois plus qu'au début des années 90.
Elle attend ensuite une "quasi stagnation" en 2010-2011-2012, avec des niveaux proches de 2002 après l'éclatement de la "bulle internet". La "reprise" n'interviendrait qu'en 2013, où environ 190.000 recrutements de cadres (+16% comparé à 2012) seraient possibles, estime l'association.
Si les recrutements "devraient résister et éviter la descente aux enfers", le taux de chômage des cadres va néanmoins remonter "au-delà de 4% dès 2009", contre 3,3% fin 2008, a précisé à la presse le président de l'Apec Gabriel Aretro (CFE-CGC). "Même à 5%, cela resterait sous le niveau de 2003-2004 et sans commune mesure avec les autres salariés", a-t-il noté.
Moins qu'un "chômage massif", c'est plus le chômage de longue durée qui menace les cadres, selon l'association. "L'allongement de la durée du chômage se voit depuis octobre, où le taux de retour à l'emploi à six mois est tombé à 46% contre 54% en avril", a observé le directeur général Jacky Chatelain.
Par secteur, l'industrie serait la plus touchée cette année (-35% à -21% d'embauches de cadres prévues), devant le commerce (-24% à -14%), la construction (-17% à -7%) et les services (-11% à -2%).
Les domaines de la recherche et développement ainsi que de l'informatique devraient résister, tandis que les embauches chuteraient pour les postes de commerciaux ou les fonctions dans la finance.
"Sans soutien à l'investissement des entreprises, cela pourrait aller très mal et la récession pourrait se muer en dépression", a cependant prévenu M. Artero, ajoutant que "les employeurs doivent jouer le jeu et utiliser les fonds en France".
Même si "les entreprises veulent éviter de se séparer des cadres ou de ne plus en recruter, ce qui les handicaperait au moment de la reprise, elles risquent de ne pas tenir longtemps si elles ne peuvent plus se financer", a renchéri M. Chatelain.
Jeunes diplômés et seniors risquent de souffrir plus que les autres de la crise, les uns à cause d'une forte chute des recrutements de débutants et les autres en raison de sorties accrues du marché du travail.
"La crise va effacer les améliorations récentes du recrutement et du retour à l'emploi des seniors. Il faut éviter que les plus de 50 ans se retrouvent au chômage de longue durée", a souligné M. Artero.
Les départs en retraite jouent "comme un amortisseur de crise mais moins qu'on pouvait le penser", a remarqué M. Chatelain, se demandant si "vont réapparaître les mesures d'âge" comme les préretraites ou les dispenses de recherche d'emploi (DRE).
La France, où le nombre de cadres a plus que doublé ces trente dernières années, compte environ 3,2 millions de cadres, dont un tiers a plus de 50 ans.