
La première banque suisse UBS, qui a réalisé une perte annuelle abyssale en 2008, promet de remonter la pente après avoir encore coupé dans ses effectifs et réorganisé ses activités.
"Le quatrième trimestre a été le pire dans l'histoire de notre banque", a admis le directeur général Marcel Rohner, lors d'une conférence de presse à Zurich.
UBS a enregistré en 2008 une perte nette de 19,7 milliards de francs suisses (13 milliards d'euros) contre 5,247 milliards en 2007, la plus importante jamais réalisée par une société helvétique et, pour l'heure, par une banque en Europe dans la crise des "subprime" (crédits hypothécaires à risque américains).
Au quatrième trimestre, le groupe a perdu 8,1 milliards contre 13 milliards il y a an un, malgré un crédit d'impôt de 1,7 milliard.
Les trois derniers mois de l'année ont par ailleurs été grevés par une charge de 4,2 milliards consécutive au plan de sauvetage de la banque centrale, des dépréciations d'actifs de 2,3 milliards et des coûts de restructuration de 737 millions.
Mais pire que ces pertes, largement anticipées, l'hémorragie de capitaux s'est poursuivie entre octobre et décembre, avec des sorties nettes de 85,8 milliards.
En 2008, ces reflux ont totalisé 226 milliards, illustrant l'étendue de la perte de confiance de ses clients.
"Mais la tendance globale est encourageante", a affirmé M. Rohner. "La situation s'est progressivement améliorée au quatrième trimestre et l'afflux d'argent a été positif en janvier", a-t-il poursuivi.
"Nous avons été touchés très tôt et nous avons réagi très rapidement", a renchéri Jerker Johansson, directeur de la banque d'affaires.
UBS, qui avait déjà annoncé d'importantes restructurations, est allé encore plus loin en annonçant la suppression de 2.000 postes supplémentaires dans son unité banque d'affaires, dont les effectifs sont ramenés à 15.000 personnes.
Le groupe a supprimé au total 11.000 postes depuis octobre 2007 dans un effort de ramener à une taille plus modeste l'établissement et notamment sa banque d'investissement, tenue pour responsable de la débâcle dans la crise des crédits hypothécaires.
D'ici le courant de l'année, le géant bancaire ne comptera plus que 75.000 salariés, un "bon niveau" selon M. Rohner.
Même si l'établissement demeure "prudent quant aux perspectives à court terme", UBS a confirmé retourner rapidement dans le vert. "Nous serons profitables en 2009", a assuré le directeur général.
A la Bourse suisse, l'action UBS prenait 7,13% à 13,82 francs suisses, dans un marché en hausse de 0,92% à 14H20 GMT.
Malgré cette perte abyssale, UBS va verser un bonus de 2,2 milliards de francs suisses (1,4 mds d'euros) à ses salariés, a annoncé l'autorité de surveillance des marchés financiers (Finma).
La somme allouée aux bonus aura toutefois chuté de 78% par rapport aux 9,9 milliards de bonus (6,5 mds d'euros) versés en 2008 aux salariés.
L'attribution de bonus a provoqué les protestations d'une partie de la classe politique et de l'opinion publique.
L'association de petits actionnaires Actares a ainsi indiqué dans un communiqué "ne pas comprendre" cette décision, appelant UBS "à se distancer clairement des excès du passé".
Même si son ex-président honni, Marcel Sospel, et plusieurs ex-membres du conseil d'admnistration d'UBS ont renoncé à 33 millions d'indemnités, la banque peine à redorer son image.
Fait rarissime, le siège d'UBS avait été vandalisé courant janvier à coup de jets de peinture et de pneus incendiés.