Le déficit commercial de la France a explosé en 2008 pour atteindre un nouveau record à près de 56 milliards d'euros, sous le coup d'une plus lourde "facture énergétique" et de la crise, qui a plombé les échanges en fin d'année, notamment dans l'automobile.
Le bilan est "catastrophique", résume Alexander Law, économiste chez Xerfi.
"Dans une période de crise historique, le déficit est historique", a pour sa part réagi la secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, Anne-Marie Idrac.
Pour la cinquième année consécutive, la France a moins exporté de marchandises qu'elle n'en a importées, accusant un déficit historique de 55,7 milliards d'euros contre 40,6 milliards en 2007.
Cette dégradation est en grande partie imputable à l'énergie. Avec des prix du pétrole qui ont atteint des sommets à l'été 2008, "la facture énergétique explique à elle seule 88% de la dégradation du solde commercial de la France", indique Alexander Law.
Grâce à la chute des cours observée en fin d'année, Bercy s'attend toutefois à une facture allégée cette année.
Sur le seul mois de décembre, le déficit commercial s'est réduit à 2,5 milliards d'euros contre 6 milliards le mois précédent.
"Mais cette amélioration est liée au reflux des prix de l?énergie et au recul de la demande intérieure française", a tempéré Nicolas Bouzou, économiste au cabinet Asterès.
Prenant le relais de prix du pétrole élevés, la crise et le ralentissement de la demande mondiale ont en effet plombé les échanges de la France en fin d'année.
La France n'est pas la seule à avoir souffert puisque le premier exportateur mondial, l'Allemagne, a vu ses exportations plonger de près de 11% en novembre.
"La chute de la demande chez nos partenaires étrangers" s'est révélée "un phénomène aggravant", a souligné Mme Idrac.
En forte hausse au premier trimestre, les exportations vers l'Union européenne se sont en effet repliées par la suite, de même que les importations, qui ont reculé à compter du deuxième trimestre.
"La France est en train de souffrir de la perte de vitesse de ses principaux clients, et notamment de l?Espagne: nos ventes de l?autre côté des Pyrénées ont chuté de 10% l?an dernier", souligne Alexander Law.
Premier secteur touché: l'automobile qui, après des années d'excédent, a enregistré un déficit de 3,5 milliards d'euros en 2008.
Ce recul a pesé sur les ventes de biens intermédiaires.
Les exportations de biens d'équipement ont, elles, été soutenues par les livraisons aéronautiques. En 2008, les ventes d'Airbus ont ainsi progressé de 3,9% après une baisse de 5,3% en 2007.
Une tendance que le gouvernement voudrait voir perdurer, alors qu'il a annoncé la mobilisation de plusieurs milliards d'euros pour soutenir les exportations de l'avionneur européen.
Les exportations de biens de consommation ont, elles, bénéficié de la bonne tenue des ventes pharmaceutiques.
En plus de difficultés conjoncturelles, la France reste handicapée par la taille de ses entreprises, le plus souvent trop petites pour exporter.
Anne-Marie Idrac s'est fixé comme objectif d'augmenter de 10.000 le nombre d'entreprises exportatrices d'ici 2012. Il en existe actuellement environ 100.000 en France.
La ministre a aussi émis vendredi le souhait d'"intensifier les efforts vers les pays émergents",