La Banque d'Angleterre (Bank of England, BoE) a abaissé jeudi son taux d'intérêt directeur d'un demi-point, à 1%, un nouveau niveau inédit depuis la création de l'institution en 1694, afin d'affronter la profonde récession qui affecte l'économie britannique.
"A sa réunion de février, le comité a noté que, bien que le mécanisme de transmission (à l'économie réelle, ndlr) de la politique monétaire soit détérioré, les dernières baisses de taux devraient avoir finalement un impact décisif", commente le communiqué de la banque centrale britannique.
Dans un contexte de ralentissement mondial de l'activité, avec de fortes incertitudes quant à la croissance des économies émergentes, les mesures d'assouplissement monétaire n'ont en effet qu'un impact limité pour le moment sur la relance de l'économie britannique qui voit s'accumuler les difficultés sur le front du crédit, de la consommation et de l'emploi.
Corroborant l'optimisme de la BoE ce jeudi, la banque Halifax a vu dans le rebond de 1,9% des prix immobiliers en janvier, des "signes de stabilisation", et a estimé que "les taux d'intérêt plus bas rendaient l'immobilier plus abordable.
Cependant, des critiques se faisaient déjà entendre quant à l'efficacité de cette cinquième mesure d'assouplissement monétaire depuis octobre.
"Si une réduction de 375 points de base (d'octobre à janvier, ndlr) n'a pas mis un terme au déclin de la demande, pourquoi une baisse de 50 autres points redonnerait-elle soudainement un coup de démarreur à l'économie britannique ?" s'interrogeait ainsi Edward Menashy, dirigeant du cabinet de courtage Charles Stanley, qui jugeait que la BoE avait agi de façon plus "exaspérée" que "convaincue".
Selon les chiffres officiels, le produit intérieur brut s'est en effet contracté au quatrième trimestre de 1,5% par rapport au troisième, après déjà une contraction de 0,6% au trimestre précédent, faisant officiellement entrer la Grande-Bretagne dans une récession encore plus forte que ce que craignaient les économistes.
Dernier chiffre en date, le secteur automobile a annoncé que les ventes de voitures neuves avaient chuté de 30,9% en janvier par rapport au même mois de 2008, tandis que Ford a dit vouloir supprimer 850 postes dans le pays.
La BoE veut cependant croire que la baisse votée ce jeudi, alliée à un assouplissement de la politique budgétaire, au recul de la livre (qui rend les exportations britanniques plus compétitives) et à la chute du prix des matières premières, devrait "apporter une aide considérable" à l'activité au cours de l'année.
La livre a d'ailleurs regagné du terrain, touchant un plus haut depuis deux semaines face au dollar, dans la foulée de la décision, "bénéficiant de la crédibilité de la politique monétaire britannique, en particulier par rapport à l'euro" selon les analystes de BNP Paribas.
Jeudi également, la Banque centrale européenne a décidé, elle, de maintenir son taux directeur à un taux supérieur aux autres banques centrales, à 2%.
"La BoE aurait peut-être voulu opter pour une baisse encore plus forte mais elle aurait perturbé les marchés" estimait Simon Hayes de Barclays Capital, ajoutant qu'on en saurait plus, mercredi prochain, avec la publication du rapport trimestriel sur l'inflation qui devrait notamment faire le point sur la baisse de la TVA décidée par le gouvernement en décembre.
Alors que la BoE a argué pendant des mois des risques d'inflation pour ne pas baisser ses taux, elle s'inquiète désormais de la voir passer sous l'objectif des 2% au deuxième semestre 2009... et en fait son principal argument d'action.