La Chine et l'Union européenne, soucieuses de coopérer face à la plus grave crise économique de l'après-guerre, ont mis officiellement fin vendredi à deux mois de brouille suscitée par le Tibet en annonçant la tenue prochaine d'un sommet bilatéral.
Le président de la Commission européenne José Manuel Barroso et le Premier ministre chinois Wen Jiabao - à Bruxelles pour la première fois depuis 2004 - ont annoncé qu'un sommet UE-Chine se tiendrait "bientôt", sans donner de date.
Le Premier ministre tchèque Mirek Topolanek, dont le pays préside l'UE, a indiqué que ce sommet pourrait se tenir à Prague en mai, après le sommet des grands pays industrialisés et émergents (G20) prévu le 2 avril à Londres, selon un diplomate tchèque.
L'annonce de ce sommet montre la volonté des deux côtés de tourner la page après le froid causé par l'annulation par Pékin du sommet prévu le 1er décembre en France. La Chine avait réagi avec colère à la décision du président français Nicolas Sarkozy - qui exerçait alors la présidence tournante de l'UE - de rencontrer le dalaï lama.
Les relations UE-Chine "vont de l'avant, avec quelques crochets", a affirmé Wen Jiabao, lors d'un point de presse avec M. Barroso. Leur développement est "une tendance à long terme qui ne peut pas être inversée, de la même façon que personne ne peut inverser la marche de l'histoire", a-t-il ajouté, même s'il a pris soin d'éviter la France pendant cette tournée en Europe.
M. Wen n'a rien dit sur le Tibet. M. Barroso a indiqué que le sujet avait été "évoqué" lors de la rencontre mais sans donner de détail.
Les deux dirigeants ont insisté en revanche sur leur volonté de coopérer face la crise qui a plongé l'Europe dans la récession et menace de saper la forte croissance chinoise.
"Par cette visite, je veux apporter aux gouvernements et aux peuples européens la confiance, l'espoir et la force, car je crois que tant que la Chine et l'UE marchent main dans la main nous pourrons surmonter la crise financière et traverser cette période difficile", a ainsi assuré Wen Jiabao.
"Nous sommes confrontés à une crise économique sans précédent depuis l'après-guerre et personne ne peut prétendre être épargné", a indiqué pour sa part M. Barroso.
"Il est important d'aborder ces questions avec un esprit global" - notamment en vue du sommet du G20 du 2 avril, a-t-il souligné.
M. Barroso a appelé à "une amélioration du dialogue sur les questions macro-économiques qui concernent la Chine et l'UE".
Rare mesure concrète annoncée: la tenue en avril à Bruxelles d'un forum UE/Chine de "haut niveau" sur les questions commerciales.
C'est de Chine que l'UE importe le plus de marchandises - à l'origine d'un déficit commercial de 160 milliards d'euros - mais c'est aussi contre les importations chinoises qu'elle a lancé le plus de procédures anti-dumping.
Pour une machine industrielle européenne qui tourne actuellement au ralenti, le marché chinois représente un potentiel largement sous-exploité: même si les exportations vers la Chine sont en forte croissance depuis 2003, elles restent inférieures à celles vers la Suisse.
Neuf accords de coopération ont aussi été signés vendredi, notamment dans les domaines de l'éducation, de l'exploitation forestière et de la propriété intellectuelle, sujet où les Européens se sont souvent plaints du manque d'efforts de Pékin.
Ces accords, selon M. Barroso, "confirment que l'UE et la Chine développent un partenariat stratégique toujours plus profond".
Après un déjeuner avec la Commission et la présidence tchèque de l'UE, où les Européens devaient pousser les Chinois à s'engager à réduire leurs émissions polluantes en vue des négociations internationales de Copenhague en décembre, Wen Jiabao doit poursuivre sa tournée en allant à Madrid puis à Londres.