Le moral des entreprises et des consommateurs de la zone euro a continué à chuter en janvier à un nouveau plus bas niveau historique, confirmant l'ampleur de la récession économique qui ébranle le continent, selon un indicateur publié jeudi par la Commission européenne.
Toutefois, le rythme de baisse de cet indice très suivi a ralenti par rapport à la fin de l'année dernière, ce qui pourrait laisser penser que la phase la plus aiguë de la récession est passée.
L'indice de confiance économique a reculé de 1,5 points dans les pays de la zone euro, à 68,9 points. Les économistes interrogés par l'agence d'informations financières Dow Jones Newswires s'attendaient à un chiffre encore inférieur (64,9 points).
Dans l'UE, l'indice a baissé de 3,3 points à 64,9 points.
Il s'agit, comme déjà lors de la précédente enquête, du plus bas niveau enregistré depuis la création de l'indice en janvier 1985. La zone euro n'existe que depuis 1999, mais les données pour les années précédentes ont été recalculées.
"La poursuite de la détérioration de la confiance économique en janvier n'augure rien de bon pour l'investissement, l'emploi et les dépenses des ménages en zone euro au cours des prochains mois. Cela laisse penser que la région devrait connaître une récession marquée au mois pendant le premier semestre", juge Howard Archer, économiste de l'institut Global Insight.
La dégradation du moral des chefs d'entreprises et des consommateurs a été particulièrement marquée en Allemagne, première économie de la zone euro (-3,1 points), un peu moins en Italie (-1 point) et en France (-0,9 point), alors qu'il s'est même amélioré en Espagne (+2,5 points).
Hors zone euro, la situation se détériore spectaculairement en Pologne (-8,6 points) et au Royaume-Uni (-7,4 points).
La quasi-totalité des secteurs d'activité déclinent, l'industrie manufacturière, la construction et les services notamment. Seul le secteur du commerce de détail parvient à se stabiliser, ce qui a d'ailleurs été illustré par deux enquêtes publiées mercredi en France et en Allemagne.
Le moral des ménages français a légèrement remonté en janvier, grâce notamment au reflux de l'inflation, tout en restant à un niveau très bas, selon des chiffres de l'Insee.
Et en Allemagne, le moral des consommateurs est resté stable, là aussi grâce à la décélération de l'inflation et à un deuxième plan de relance conjoncturel annoncé par le gouvernement.
"Les signes hésitants de stabilisation du rythme de la récession devraient suffire à ce que la Banque centrale européenne maintienne ses taux d'intérêt inchangés la semaine prochaine, mais il est clair qu'il faudra les baisser à nouveau ensuite", estime Aurelio Maccario, économiste de la banque italienne UniCredit.
Depuis le mois d'octobre, la BCE a réduit son taux directeur de 4,25% à 2%. L'institut de Francfort a laissé entendre qu'il ferait une pause en février mais qu'il pourrait recommencer à assouplir le coût du crédit en mars.
Nombre d'analystes s'attendent à ce que le taux baisse jusqu'à 1%, alors que l'Europe traverse sa pire récession depuis 1945.
Le Fonds monétaire international a encore revu en forte baisse mercredi ses prévisions de conjoncture, estimant que la zone euro connaîtra une contraction de son activité de 2% en 2009 (après +1,0% en 2008).