
Le gouvernement britannique a fini par céder aux demandes du secteur automobile en annonçant mardi des mesures d'aide passant par des garanties sur prêts à hauteur de 2,5 milliards d'euros, destinées en particulier à promouvoir la construction de véhicules écologiques.
Le ministre du Commerce Peter Mandelson, jusqu'à peu commissaire européen au Commerce à Bruxelles, a promis que le gouvernement allait "offrir des garanties pour débloquer jusqu'à 1,3 milliard de livres de prêts de la Banque européenne d'Investissement" (BEI) et encore "des garanties pour soutenir jusqu'à un milliard de livres supplémentaires de prêts là où c'est nécessaire" dans le secteur.
Une garantie est généralement nécessaire sur les prêts de la BEI supérieurs à 200 millions de livres.
M. Mandelson, qui s'exprimait devant la Chambre des Lords, a insisté sur le fait qu'il ne s'agissait pas d'un "plan de sauvetage", ni d'un "chèque en blanc" aux entreprises automobiles.
Il a estimé que les mesures qu'il annonçait "stimuleraient de manière importante" le secteur, en aidant "à faire du Royaume-Uni un leader mondial du développement et de la fabrication de véhicules écologiques".
Il a évalué à un million le nombre de personnes dépendant de l'automobile au Royaume-Uni, et à 10 milliards de livres son apport à l'économie. Et ce secteur "est en première ligne du ralentissement", a-t-il déploré.
La plupart des constructeurs installés au Royaume-Uni ont dû annoncer des mesures de suppressions d'emploi ou de réduction temporaire de leur activité.
Nissan supprimera 1.200 emplois, Jaguar Land Rover, qui appartient à l'indien Tata Motors, 450 suppressions d'emplois annoncées et Rolls-Royce (BMW) 40 suppressions d'emplois d'intérimaires. Bentley (Volkswagen) va interrompre sa production pendant au moins un mois et demi, Honda pendant quatre mois.
Le secteur a publié des chiffres alarmants. La production automobile s'est effondrée de 47,5% en décembre au Royaume-Uni, portant son repli sur l'ensemble de 2008 à 5,7%. Les immatriculations de voitures neuves ont chuté de 21,2% en décembre par rapport au même mois de 2007, et de 11,3% sur l'ensemble de 2008.
L'Association des constructeurs automobiles britanniques (SMMT) a considéré mardi que le gouvernement avait fait "une annonce importante", dont elle est "impatiente de discuter du fond" avec M. Mandelson.
Mais le syndicat Unite, le plus gros du pays, a évoqué "une déception massive". Il a prédit "qu'au moins la moitié" des crédits offerts iraient à Vauxhall (General Motors) et Jaguar Land Rover, "ne laissant rien ou très peu à des centaines de sous-traitants".
Le ministre du Commerce du gouvernement fantôme conservateur, Kenneth Clarke s'est dit "légèrement déçu" de la "petite bière" annoncée par son alter ego, alors qu'il en attendait "des idées nouvelles, de la dynamite".
Alors que les Etats-Unis ont annoncé un plan de soutien à leur propre secteur automobile de 13,4 milliards de dollars, les idées sont un peu plus contraintes en Europe, tant par le risque de dérapage budgétaire que par le souci de la Commission européenne de traquer d'éventuels comportements de concurrence déloyale.
Le plan Mandelson paraît à première vue correspondre à l'assouplissement temporaire accordé par Bruxelles sur les prêts à conditions préférentielles pour des produits verts.
La France pourrait annoncer son propre plan de 5 ou 6 milliards d'euros début février.