
L'homme d'affaires Carlo De Benedetti, l'une des grandes figures du capitalisme italien, a annoncé lundi à Milan qu'il abandonnait à 74 ans toutes les présidences des sociétés qu'il avait fondées, lors d'une conférence de presse.
"Je me rends compte du temps qui passe et tout en jouissant d'une santé parfaite, j'ai décidé de céder la présidence de toutes les sociétés que j'ai fondées", a-t-il déclaré, justifiant son retrait par des "raisons personnelles".
"C'est une décision sereine parce que la relève de la direction a été assurée là où c'est possible et la continuité là ou elle existait déjà", a ajouté l'homme d'affaires, qui a donné sa conférence de presse en présence de sa femme et de ses trois fils.
Sa holding CIR est active dans la presse au sein du Gruppo l'Espresso - l'hebdomadaire l'Espresso et le quotidien de gauche La Repubblica - et a également des activités industrielles (énergie, santé, équipement auto).
Il a affirmé qu'il ne vendrait pas l'Espresso, l'hebdomadaire de gauche qui tire à 430.000 exemplaires, "tant qu'il serait vivant".
La Repubblica (gauche) est le deuxième quotidien italien avec 650.000 exemplaires après le Corriere della Sera.
"Je resterai au Conseil d'administration de l'Espresso (...) En accord avec mon fils Rodolfo, le président de l'Espresso sera une personnalité que je désignerais", a-t-il dit, soulignant sa "passion pour l'édition".
Surnommé "l'Ingénieur" en Italie, Carlo De Benedetti est surtout connu pour avoir repris en mains en 1978 Olivetti, célèbre pour ses machines à écrire, mais qui se trouvait alors en pleine crise.
La remontée de la société fut fulgurante : les ventes passent de un milliard de dollars en 1978 à 5 milliards en 1986 avec 400 millions de bénéfices.
Il a évoqué lors de sa conférence de presse l'"extraordinaire succès" de l'aventure Olivetti.

"C'était l'unique entreprise de machines à écrire qui s'est transformée en société informatique. Tous les concurrents ont fait faillite. C'est l'unique société d'informatique à être entrée dans la téléphonie", a-t-il fait valoir.
Il a également reconnu que son erreur "la plus grave et la plus lamentable" avait été celle de son OPA en 1988 sur la Société Générale de Belgique, qu'il perdra à l'issue d'une farouche bataille avec le groupe français Suez.
Ce natif de la moyenne bourgeoisie turinoise aura pratiqué un capitalisme moderne qui a éclipsé la traditionnelle aristocratie industrielle à la façon de la famille Agnelli, les propriétaires de Fiat.
Il a livré en 1991 une longue bataille avec le patron de la télévision privée Silvio Berlusconi pour le contrôle du grand éditeur Mondadori, bataille qui s'est terminé par un partage plutôt favorable à l'actuel chef du gouvernement.
L'hommes d'affaires aura aussi connu des ennuis judicaires lors de l'opération anticorruption "Mani Pulite" au début des années 90.
Il admettra devant le juge avoir versé 7 millions de dollars aux partis politiques pour obtenir des marchés publics pour sa société.
Il a précisé que le groupe demeurerait dans sa structure actuelle sauf "si de nouvelles opportunités se présentaient".
CIR est une holding cotée en Bourse contrôlée par la holding Cofide de M. De Benedetti.
En novembre dernier, CIR avait repoussé son plan de séparation de ses activités de presse du reste de ses activités industrielles.
Le nouveau schéma prévoyait que CIR maintienne son contrôle de l'Espresso tandis que les autres activités devaient être attribuées à une nouvelle holding introduite en Bourse.