
Le géant russe Gazprom a invoqué vendredi "la force majeure" en réponse aux demandes de dédommagements faites par ses clients européens privés de gaz russe pendant une douzaine de jours en raison du conflit entre Moscou et Kiev.
"Nous avons informé NOS partenaires que la crise à été causée par une +vis major+" (force majeure), a déclaré le numéro deux du groupe, Alexandre Medvedev à la presse à Bratislava.
"L'attitude de l'Ukraine a été pire qu'un tremblement de terre ou une inondation, raison pour laquelle nous n'avons pas pu livrer", a-t-il dit après un entretien avec le Premier ministre slovaque Robert Fico.
Le groupe russe a envoyé à tous ses clients européens des lettres invoquant cette clause de contrat, a-t-il indiqué.
"La Russie a une grande responsabilité pour trouver des solutions pour compenser les grands dommages endurés par la Slovaquie pendant la crise gazière", a pour sa part déclaré le Premier ministre slovaque.
"C'est également vrai pour l'Ukraine et je considère que les efforts du président (ukrainien Viktor) Iouchtchenko pour bloquer les accords signés relèvent de la folie pure", a dit Robert Fico.
La présidence ukrainienne a fait savoir vendredi qu'elle souhaitait renégocier l'été prochain l'accord sur le gaz que les deux pays ont récemment conclu.
"La partie ukrainienne travaillera sur des propositions de modification" des contrats, a déclaré vendredi le premier adjoint au chef de l'administration présidentielle, Olexandre Chlapak, au cours d'une conférence de presse à Kiev.
La Slovaquie qui a dû déclarer l'état d'urgence énergétique pour éviter une pénurie de gaz évalue le manque à gagner pour son économie à 100 millions d'euros par jour. Des milliers d'entreprises, dont les grands producteurs automobiles français PSA et sud-coréen Kia, ont dû stopper leur production à cause des restrictions.
Gazprom évalue aussi le manque à gagner pour son chiffre d'affaires à l'exportation à la même somme, environ 100 millions d'euros par jour.
Au cours de leur discussion, MM. Fico et Medvedev ont également discuté de la possibilité de créer une joint venture slovaco-russe pour concurrencer le monopole actuel de la société SPP, détenue par le Français GDF Suez et l'Allemand E.On Ruhrgas.
"Le gouvernement peut imaginer la création d'une compagnie où la Slovaquie détiendrait la majorité des parts, avec un partenaire étranger, et créer une concurrence pour le monopole de l'opérateur SPP", a dit M. Fico. De son côté, M. Medvedev a souligné que de tels partenariats existaient déjà avec l'Italie, la France et la Grande-Bretagne.