Le géant américain des logiciels Microsoft a annoncé jeudi qu'il allait supprimer jusqu'à 5.000 postes en 18 mois, dont 1.400 immédiatement, à l'occasion de la publication de bénéfices trimestriels en baisse et inférieurs aux attentes des analystes.
"Nous ne sommes pas immunisés contre les effets de (la dégradation de) l'économie", a reconnu le PDG Steve Ballmer, cité dans un communiqué.
Les licenciements représentent environ 5,5% des effectifs.
Ils concerneront la plupart des services (recherche et développement, marketing, ventes, finances, service juridique, ressources humaines et informatique), et devraient permettre des économies annuelles d'environ 1,5 milliard de dollars, a précisé le groupe.
Microsoft a annoncé dans le même temps que son bénéfice net pour les trois mois achevés au 31 décembre avait décliné de 11%, à 4,17 milliards de dollars. Rapporté au nombre d'actions, il s'élève à 47 cents, inférieur aux 49 cents attendus par les analystes.
Les investisseurs, pris à revers par la publication de ces résultats avant l'ouverture de la Bourse, alors qu'ils étaient attendus en fin d'après-midi, ont sanctionné le titre, qui plongeait de 9,08% à 17,64 dollars à 16h00 GMT.
Les rumeurs sur des réductions d'effectifs chez Microsoft, qui compte quelque 91.000 employés, couraient depuis plusieurs semaines, certains sites d'information spécialisés ayant spéculé qu'elles pourraient toucher jusqu'à 15.000 personnes.
Dans un mémo aux employés diffusé sur le site spécialise AllThingsDigital, Steve Ballmer a expliqué que les suppressions d'emploi s'accompagneront de nouvelles embauches, si bien que les suppressions nettes ne devraient pas dépasser 2.000 à 3.000 emplois.
Il y a trois mois déjà, le groupe fondé par Bill Gates avait indiqué qu'il ne tiendrait pas son rythme habituel de 15% de croissance annuelle des effectifs, et qu'il allait tenter de réduire les coûts de fonctionnement.
Microsoft est confronté au ralentissement des ventes d'ordinateurs, qui pèse sur ses ventes de logiciels et systèmes d'exploitation. Selon le cabinet de marketing Gartner, elles n'ont crû que de 1,1% dans le monde au dernier trimestre de 2008 (en glissement annuel), ce qui marque la plus faible progression depuis 2002.
"L'activité économique et les dépenses d'informatique ont ralenti au delà de nos attentes durant le trimestre", a souligné le directeur financier de Microsoft, Chris Liddell.
Le chiffre d'affaires de la fin 2008 a atteint 16,63 milliards de dollars, en hausse de 2% par rapport au dernier trimestre 2007 (16,37 milliard), alors que les analystes attendaient 17,08 milliards de dollars.
"Le fait que nous gardions de la croissance dans la récession la pire depuis deux générations reflète les fondements solides de nos affaires", a fait valoir M. Ballmer à ses troupes.
Dans le cadre des mesures d'austérité prises pour faire face à la situation, M. Ballmer a indiqué que les coûts opérationnels avaient déjà été réduits de 600 millions de dollars entre octobre et décembre 2008. Il a précisé que les dépenses de voyages seraient encore réduites de 20%, et que des travaux d'aggrandissement des installations de la région de Seattle, berceau du groupe, avaient été revus à la baisse.
La principale activité de Microsoft, la vente de logiciels, a reculé de 8%, en raison à la fois de la faiblesse du marché et de la pression sur les prix apportée par les miniordinateurs (netbooks), dont le succès ne se dément pas.
En revanche, Microsoft a pu se réjouir de la progression de 15% des recettes liées aux contrats annuels liés aux serveurs et à la maintenance, tandis que les ventes de la console de jeux Xbox 360 à Noël ont gonflé les revenus liés aux jeux, en hausse de 3%.
Ses services en ligne (moteur de recherche Live Search, publicité en ligne...) ont continué à creuser leurs pertes: cette division a doublé ses pertes opérationnelles tant sur le 4e trimestre que sur l'année, avec respectivement un déficit de 488 millions au 4e trimestre et de 1,2 milliard de dollars sur l'année.
Après avoir revu à la baisse ses prévisions annuelles en octobre, Microsoft a annoncé jeudi qu'il renonçait désormais à avancer des prévisions, "en raison de la volatilité des conditions du marché".