La crise gazière, qui a privé les Européens pendant 15 jours du gaz russe, leur a révélé les dangers d'un approvisionnement énergétique unilatéral et a poussé mercredi les responsables des pays touchés à promettre le développement rapide de sources d'énergies alternatives.
L'Allemagne, la Pologne et l'Autriche ont été relativement épargnées par l'absence d'approvisionnements en gaz russe via l'Ukraine en raison de leurs réserves importantes.
La fermeture des robinets russes a toutefois sonné l'alerte dans leurs capitales. A Berlin la crise a relancé le débat sur le renoncement à la sortie progressive du nucléaire d'ici à 2020, le ministre de l'Economie, Michael Glos, plaidant pour une diversification des sources énergétiques et la diminution de la dépendance de l'Allemagne au gaz.
Selon le patron du numéro deux allemand de l'énergie RWE, Jürgen Grossmann, l'Allemagne, pourtant l'une des pionnières en Europe à renoncer aux centrales atomiques, a maintenant "besoin de l'énergie nucléaire", les énergies renouvelables ne suffisant pas à pallier les besoins futurs.
La Pologne recevait 84% des volumes habituels de gaz russe via le Bélarus pendant la crise, limitant à deux le nombre d'entreprises dont l'approvisionnement a été rationné.
Le gouvernement a néanmoins annoncé son intention de se doter à l'horizon de 2020 de "une à deux" centrales nucléaires pour diversifier ses sources alors que 94% de l'électricité polonaise provient de centrales à charbon.
Le Premier ministre Donald Tusk a également promis d'accélérer la construction d'un port pour méthaniers et des accords avec le Qatar et le Koweït pour la livraison de gaz naturel liquéfié.
En Autriche, la modification de la production d'électricité, à partir de pétrole au lieu du gaz naturel manquant, a occasionné des surcoûts de 5 millions d'euros par semaine, selon le groupe EVN. Toutefois les entreprises n'ont pas souffert de pénurie, le pays disposant d'importantes réserves de gaz.
Le ministre autrichien de l'Economie Reinhold Mitterlehner a promis, mercredi devant les députés, de doter le pays "de la plus grande bourse de gaz d'Europe" et de diversifier les fournisseurs.
Il s'agit d'aggrandir la plate-forme de distribution de Baumgarten (est), par laquelle transitent annuellement 64 milliards de m3 vers l'Allemagne, l'Italie, la France, la Slovénie, la Croatie et la Hongrie.
En revanche, la Slovaquie, la Bulgarie et hors de l'UE, la Croatie et la Serbie ont connu des ralentissement économiques importants, la crise gazière venant aggraver la santé déjà chancelante de certaines industries frappées par la crise financière.
Aucun montant précis des coûts de l'arrêt des livraisons, qui avaient repris partout mercredi, n'a pu être établi dans l'immédiat.
Le gouvernement slovaque a estimé les pertes à 100 millions d'euros par jour car un millier d'entreprises, dont les constructeurs auto PSA et Kia, ont été contraintes d'arrêter la production pendant une semaine.
Bratislava et Sofia ont demandé une intervention de l'UE pour réclamer des compensations à Moscou et Kiev.
Selon le patronat serbe les entreprises rationnées ont perdu 5 millions d'euros par jour durant la crise.
En Croatie, l'industrie chimique a été la plus durement frappée avec la mise au chômage technique de nombreux ouvriers.
La Hongrie a non seulement pu subvenir à ses besoins avec des réserves de 3,5 milliards m3 mais a même pu fournir du gaz à ses voisins balkans.
Enfin, le Premier ministre bulgare Serguei Stanichev a réclamé 400 M EUR à Bruxelles pour moderniser et créer des centres de stockage gaziers. Il s'est aussi dit "persuadé que cette crise stimulera une accélération du projet de gazoduc Nabucco" de l'UE, prévu pour réduire la dépendance en gaz vis-à-vis de Moscou.