La Banque centrale de Russie (BCR) a annoncé lundi avoir une nouvelle fois laissé le rouble glisser face au panier dollar-euro qui lui sert de référence, poursuivant sa politique de dévaluation progressive de la monnaie russe.
"La banque centrale confirme l'élargissement de la marge de fluctuation par rapport au panier", ce qui de fait correspond à une dévaluation, a indiqué à l'AFP une source au sein de la BCR.
Il s'agit de la dix-huitième dévaluation de ce type en un peu plus de deux mois, et le rythme de cette politique s'accélère depuis le début de l'année, le rouble ayant été dévalué six fois depuis le dimanche 11 janvier lorsque les marchés ont rouvert après la période des fêtes en Russie.
Selon l'agence RIA Novosti, la devise russe a perdu 48 kopecks lundi matin face au panier de référence (composé à 55% de dollars et à 45% d'euros) pour s'établir à 37,78 roubles contre 37,30 vendredi soir.
Le 11 novembre, à l'issue de la première dévaluation par la BCR, la devise russe s'échangeait à 30,70 roubles par rapport au panier, perdant depuis près du quart de sa valeur.
Le 16 janvier, la monnaie avait déjà atteint un plus bas historique face aux devises américaine et européenne, un record à nouveau battu lundi, alors qu'il fallait près de 33 roubles pour un dollar, et que l'euro s'approchait de la barre des 44 roubles, selon le site internet de la place boursière moscovite Micex.
"La semaine dernière, le rouble a souffert sa plus grosse chute (5,4%) en une semaine face au dollar depuis une décennie", note ainsi Tom Mundy, un analyste de la banque d'investissements Renaissance capital.
Le ministre du développement économique, Elvira Nabioullina a d'ailleurs indiqué lundi, lors d'une réunion gouvernementale, que l'affaiblissement de la monnaie russe allait se poursuivre, estimant qu'il faudrait en moyenne en 2009 35,1 roubles pour un dollar, ont rapporté les agences russes.
Les autorités russes ont exclu une dévaluation abrupte de la monnaie, préférant laisser la monnaie glisser doucement pour adapter le taux de change aux nouvelles conditions économiques suite à la crise mondiale.
La BCR a d'ores et déjà utilisé des dizaines de milliards de dollars de ses réserves de devises pour défendre la monnaie nationale et éviter que la population ne panique, les Russes se souvenant des conséquences dramatiques de la dévaluation de 1998, quand la Russie s'était déclarée en défaut de paiement.
Les analystes critiquent cependant de plus en plus cette stratégie, car elle accroît l'incertitude dans une économie déjà fortement touchée par la crise mondiale et la chute des cours du brut, principale source de devises pour la Russie.