Le canadien Nortel Networks, numéro un nord-américain des équipements téléphoniques, s'est placé mercredi sous la protection des tribunaux contre ses créanciers au Canada et aux Etats-Unis dans une ultime tentative de restructuration avant un possible démantèlement.
L'équipementier en télécoms a annoncé dans un communiqué qu'il demandait aussi la protection de la justice pour ses filiales en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique.
Ancienne plus grande société au Canada, Nortel a connu une descente aux enfers avec l'éclatement en Bourse de la bulle technologique au début du millénaire. Il a passé les dernières années à se remettre d'un scandale comptable interne, l'un des plus retentissants de l'histoire du Canada, qui l'a longtemps détourné de ses objectifs stratégiques.
Confronté à une chute de ses ventes et de ses résultats, le groupe avait dû se résoudre en septembre dernier à tenter de vendre ses meilleures divisions mais n'avait pas trouvé d'acheteur. Il devait en outre rembourser jeudi 107 millions de dollars d'intérêts sur sa dette.
Nortel a indiqué dans l'après-midi avoir obtenu une décision de la Cour supérieure de l'Ontario lui accordant la protection demandée en vertu de la loi canadienne sur les arrangements avec les créanciers des compagnies (LACC).
Le groupe, qui va tenter d'éviter la faillite, a précisé qu'il prévoyait de poursuivre ses activités "sans interruption". Son action a effectué un plongeon record de 68,83%, à 12 cents l'action (0,09 USD), à la bourse de Toronto, contre plus de 120 dollars au début de la décennie.
"Nortel doit retrouver des assises financières solides une fois pour toutes", a déclaré son PDG Mike Zafirovski, en affirmant "avoir confiance dans les mesures annoncées".
La compagnie a souligné que la crise mondiale avait compromis les efforts de redressement qu'elle avait entrepris fin 2005 après l'arrivée en poste de M. Zafirovski, ancien numéro deux de Motorola aux Etats-Unis.
Le groupe a souligné avoir "accompli d'importants progrès à bien des égards" mais reconnaît que "la crise financière mondiale et la récession ont aggravé" ses défis financiers "et directement entravé sa capacité à mener à bien cette transformation".
L'entreprise a précisé qu'elle avait décidé de se mettre à l'abri de ses créanciers, même si elle dispose de liquidités s'élevant à 2,4 milliards de dollars.
"Je crois que le groupe a pris cette décision parce qu'il estime qu'il ne sera jamais capable de rembourser sa dette de 4,5 milliards de dollars US", a déclaré à la chaîne CBC Duncan Stewart, analyste chez DSAM Consulting à Toronto.
Certaines des filiales, dont celles d'Asie, des Antilles et d'Amérique latine ne sont toutefois pas visées par les demandes de protection en justice et devraient poursuivre normalement leurs activités.
Le quotidien The Globe and Mail, qui avait annoncé mercredi matin l'intention de Nortel de se placer sous la protection des tribunaux, estime que la procédure mènera sans doute au démantèlement du groupe et à la vente de certaines de ses parties à ses rivaux étrangers.
"Certains actifs vont être vendus, mais il n'y aura vraisemblablement pas de pertes d'emplois massives", a ajouté Duncan Stewart en rappelant que le groupe, présent dans 150 pays, ne compte plus que quelque 30.000 employés, contre plus de 100.000 il y a dix ans.
Pour le seul troisième trimestre de 2008, l'équipementier avait enregistré une perte nette de 3,4 milliards de dollars américains.
Nortel a été choisi comme fournisseur officiel de réseaux pour les jeux Olympiques de Vancouver en 2010 et est également l'un des sponsors de ceux de Londres en 2012.