Les marchés boursiers ont connu de nouvelles turbulences mercredi après la publication d'un chiffre plus bas que prévu des ventes de détail aux Etats-Unis et une dégradation de la note financière de la Grèce, maillon faible de la zone euro.
New York a perdu 2,94%, Paris 4,56%, Londres 4,97% et Francfort 4,63%. La Bourse d'Athènes a cédé 5,47%, après la dégradation de la note de la Grèce par l'agence de notation Standard & Poor's. La Grèce devient ainsi le premier pays de la zone euro à voir sa note dégradée depuis le début de la crise.
"C'est le retour du facteur peur", a constaté un analyste de Wall Street, Peter Cardillo (Avalon Partners).
A l'origine des turbulences, les ventes de détail aux Etats-Unis ont baissé en décembre pour le sixième mois consécutif, reculant de 2,7% par rapport à novembre, une baisse bien supérieure à ce qu'attendaient les analystes.
L'indicateur sur les ventes de détail est un bon révélateur aux Etats-Unis de la tendance de la consommation des ménages, moteur traditionnel de la croissance économique américaine.
Ajoutant aux maux de la grande Bourse américaine, le groupe bancaire Citigroup a dégringolé de 23,22%, après l'annonce de la publication anticipée de ses résultats annuels vendredi.
En Europe, la Grèce avait été mise vendredi sous surveillance négative par S&P, tout comme l'Irlande, le Portugal et l'Espagne, autres pays de la zone euro. La nouvelle a provoqué aussi des remous sur les marchés des changes, faisant plonger l'euro aux alentours de 1,31 dollar.
L'euro a en outre été pénalisé par la publication de chiffres montrant que l'Allemagne s'est enfoncée dans la récession au quatrième trimestre, tandis que la production industrielle de la zone euro a affiché un nouveau recul en novembre de 1,6% comparé à octobre et de 7,7% sur un an, laissant augurer d'une nette contraction du PIB au quatrième trimestre.
Les immatriculations de voitures neuves en Europe ont chuté de 8% en 2008, conséquence de la crise qui a touché de plein fouet le secteur au deuxième semestre, a annoncé la principale fédération du secteur en Allemagne (VDA).
Et pour ne rien arranger, le secrétaire général de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Angel Gurria, a estimé que "le pire est à venir" pour l'économie de la zone euro, et qu'une "plus ample décélération" de la croissance était à attendre.
Dans son "Livre Beige", la Réserve fédérale américaine a de son côté souligné que l'économie américaine avait continué de faiblir presque partout en décembre.
La Grande-Bretagne a annoncé de nouvelles mesures en faveur des petites et moyennes entreprises, après avoir volé au secours des banques et lancé un coûteux plan de relance budgétaire pour tenter d'éviter une profonde récession. Le gouvernement va notamment garantir partiellement le remboursement de prêts à court terme accordés aux PME.
Le moral des marchés était aussi malmené par les difficultés de grands groupes.
Ainsi l'équipementier canadien de télécommunications Nortel Networks a annoncé qu'il se plaçait sous la protection de la loi canadienne contre ses créanciers, après avoir fait de même aux Etats-Unis et qu'il prévoyait de le faire aussi en Europe, au Moyen-Orient et en Afrique.
En Allemagne, la première banque Deutsche Bank s'attend à une perte nette de 3,9 milliards d'euros pour l'année 2008, selon des chiffres provisoires publiés mercredi.
John Varley, directeur général de la banque britannique Barclays, a reconnu que les banques devaient s'excuser pour leur responsabilité dans la crise du crédit.