
La coalition droite-gauche au pouvoir en Allemagne parachevait lundi un nouveau plan de relance, tâche ardue en pleine année électorale mais indispensable pour tenter de maintenir la première économie européenne à flot.
"Le signal que nous donnons aux gens est que les responsables politiques font tout ce qui est humainement possible", a dit lundi au journal Bild, Franz Müntefering, patron du parti social-démocrate qui veut tenter de ravir la chancellerie en septembre à la CDU d'Angela Merkel. "Dans une coalition, il faut savoir faire des compromis," a-t-il ajouté
"Il y a des recoupements" entre les positions des conservateurs de la CDU et des sociaux-démocrates, a de son côté déclaré Hubertus Heil, secrétaire général du SPD, à la chaîne de télévision ZDF.
Karl-Theodor zu Guttenberg, le secrétaire général de la CSU, branche bavaroise de la CDU, a dit au Hamburger Abendblatt que la coalition devait "mettre en place un plan puissant et vaste" de relance sans se perdre dans de "nébuleuses considérations politiciennes".
Car il y a urgence: le chômage est reparti à la hausse en Allemagne en décembre et les commandes industrielles de la première puissance exportatrice du monde s'effondrent.
La première enveloppe de mesures hétéroclites de relance mises en place en fin d'année dernière est depuis longtemps considéré comme insuffisante, dans et hors des frontières.
Le nouveau plan que doivent discuter les dirigeants de la coalition à partir de 16H00 GMT à Berlin devrait prévoir 50 milliards d'euros sur deux ans et faire la part belle aux investissements, en particulier dans l'éducation.
Mais beaucoup de points sont encore loin de faire l'unanimité au sein de la "grande coalition", alors que chaque camp se positionne à moins de neuf mois des élections législatives à l'issue desquelles, selon les sondages, Angela Merkel devrait se succéder facilement à elle-même.

Première pomme de discorde: la fiscalité.
Le SPD, au départ farouchement hostile à toute baisse d'impôt, a fait volte-face en proposant un allègement du taux d'imposition pour les revenus les moins élevés.
Mais il assortit cette concession d'une revendication: taxer plus lourdement les gros salaires. Ce dont les conservateurs, CDU et CSU confondues, ne veulent pas entendre parler.
La droite a quant à elle ouvert un autre front, en évoquant la possibilité d'une renationalisation partielle des entreprises en détresse.
Jürgen Rüttgers, chef conservateur de l'Etat régional le plus peuplé d'Allemagne, la Rhénanie du Nord-Westphalie, propose pour ce faire de puiser dans un fonds de 100 milliards d'euros actuellement en discussion, mais censé se borner à apporter des cautions financières aux entreprises.
L'idée serait d'appliquer aux entreprises les mêmes recettes qu'aux banques, auxquelles l'Etat allemand a déjà promis des garanties mais aussi, au besoin, de l'argent frais. Berlin vient ainsi de prendre 25% plus une action de la deuxième banque allemande, Commerzbank, en échange d'une aide de 10 milliards d'euros.
Mais la mise en place d'un tel dispositif pour des constructeurs automobiles ou des sidérurgistes par exemple est loin de convaincre les sociaux-démocrates.
Avant même la fin des discussions au sein de la coalition, des voix s'élèvent déjà dans la presse allemande pour critiquer ces tiraillements.
Un éditorialiste de la Süddeutsche Zeitung, quotidien de centre-gauche, faisait lundi en matinée ce pronostic désabusé: "Le SPD et la CDU/CSU se perdent dans les considérations partisanes. Ce qui en sortira est un plan qui donne un peu de tout à tout le monde, car chaque partie veut servir sa propre clientèle."