L'affaire Madoff révèle "l'impérieuse nécessité de renforcer le contrôle de la commercialisation des produits financiers et d'épargne", en France comme en Europe, affirme le président de l'AMF, Jean-Pierre Jouyet, dans un entretien à La Tribune à paraître lundi.
"C'est un des enjeux de la régulation d'aujourd'hui au niveau national mais aussi européen", estime M. Jouyet, qui a pris ses fonctions quelques jours après l'éclatement de l'affaire Madoff, ce courtier américain accusé de la plus vaste escroquerie de l'histoire de la finance.
"Il n'est pas normal aujourd'hui d'avoir des règles et des responsabilités différentes d'un Etat à un autre, comme dans le domaine de la responsabilité du dépositaire, alors qu'un passeport européen permet à un produit enregistré dans un Etat membre d'être commercialisé dans toute l'Europe", juge M. Jouyet.
L'une des leçons de cette affaire, c'est "qu'il nous faut élargir le champ de la régulation, harmoniser l'application des directives par les superviseurs nationaux et empêcher le dumping réglementaire", poursuit-il.
Dans cet esprit, M. Jouyet plaide pour un renforcement des pouvoirs du Comité européen des régulateurs des marchés financiers (CESR), qui n'est aujourd'hui qu'une simple association de régulateurs.
"Il faut que la régulation financière européenne soit à la hauteur de l'intégration du marché intérieur", selon lui.
L'Autorité des marchés financiers (AMF) avait révélé mi-décembre qu'une centaine de fonds français pourraient être affectés par cette escroquerie, à hauteur de 500 millions d'euros.
Les SICAV touchées étaient investies dans d'autres fonds irlandais et luxembourgeois, comme Luxalpha, Luxinvest ou Thema, qui avaient eux-même placé tout ou partie de leur argent dans des fonds gérés par Bernard Madoff.