
Le Premier ministre conservateur grec Costas Caramanlis a procédé mercredi à un remaniement ministériel pour redorer son blason dans un contexte difficile marqué par une grogne grandissante après les émeutes urbaines du mois dernier et la crise économique qui menace le pays.
Le point fort du remaniement est le départ du ministre de l'Economie et des Finances, Georges Alogoskoufis, en place depuis 2004. Il a été remplacé par un proche du Premier ministre, Yannis Papathanassiou, jusqu'alors secrétaire d'Etat à l'Economie.
Les ministres des Affaires étrangères, Dora Bakoyannis, et de la Défense, Evanguélos Meïmarakis, conservent leur portefeuille, ainsi que Prokopis Pavlopoulos, ministre de l'Intérieur et bras droit de Costas Caramanlis, et d'autres ténors de la majorité.
"Il est clair que Caramanlis a voulu changer son équipe pour répondre au sentiment populaire choqué par la révolte de la jeunesse et aussi pour répondre aux derniers sondages qui manifestent un désir de changement de la politique économique", a déclaré à l'AFP Théo Livanios, responsable de l'Institut Opinion.
Après avoir été contraint de se séparer de poids lourds de son équipe impliqués dans un important scandale immobilier mêlant le monastère de Vatopédi du Mont Athos et l'Etat, M. Caramanlis a dû affronter un profond ressentiment national provoqué par la mort de l'adolescent Alexis Grigoropoulos, tué le 6 décembre à Athènes par un policier.
Son image est alors tombée au plus bas, permettant à l'opposition socialiste de passer en tête dans les sondages pour la première fois depuis la réélection du Premier ministre en 2007.
La crise financière internationale a compliqué la situation en raison de la très forte dette publique. Celle-ci a atteint 93,1% du PIB en 2008 et asphyxie les finances publiques
M. Caramanlis a précisé que le pays devra payer 12 milliards d'euros en 2009 pour le service de sa dette, autant que les recettes fiscales provenant de l'impôt sur le revenu, près de 5% du PIB.
L'autre point fort du remaniement est le changement du ministre de l'Education, au centre l'actualité après le soulèvement de la jeunesse grecque provoqué par la mort du jeune Grigoropoulos.
Euripide Stylianidis a cédé la place à Aris Spiliotopoulos, auparavant au Tourisme. Agé de 43 ans, M. Spiliotopoulos est considéré "comme l'homme de la situation avec un discours branché plus proche des jeunes", explique à l'AFP le politologue Georges Séfertzis.
M. Caramanlis a également changé de secrétaire d'Etat à l'Ordre public, Panagiotis Chinofotis, en première ligne lors des émeutes, remplacé par Christos Markoyannakis.
"On attendait ce remaniement depuis des semaines, il fallait rehausser l'image du gouvernement après le scandale de Vatopédi et les émeutes de décembre mais il apparaît décevant, manquant de souffle et de radicalité", a indiqué à l'AFP Yannis Mavris le directeur de l'Institut de sondages Public Issue.
Et pour Georges Séfertzis, "ce remaniement est un aveu de faiblesse car il s'attache avant tout à conserver les équilibres au sein de la majorité. C'est un gouvernement de gestion qui veut gagner du temps jusqu'aux élections européennes de juin", a-t-il confié à l'AFP.
Outre le ministère de l'Economie et des Finances, et celui de l'Education, sept autres ministères changent de titulaire, la plupart des nouveaux ministres ayant déjà participé au précédent gouvernement.
M. Caramanlis a également ramené au gouvernement Antonis Samaras, ancien ministre des Affaires étrangères dans les années 90, et représentant de la droite nationaliste, nommé ministre de la Culture.