L'ensemble des banques a commencé vendredi à distribuer des Livrets A, une ouverture saluée par beaucoup de Français qui s'apprêtent à souscrire un produit d'épargne plus attractif que jamais, jusqu'alors apanage de la Banque postale et de la Caisse d'Epargne.
La généralisation de la distribution du Livret A à l'ensemble des banques avait été exigée, en mai 2007, par la Commission européenne, au terme d'une bataille de plusieurs années.
Les premiers chiffres de pré-réservations et les remontées d'études témoignent d'un intérêt soutenu dans les banques.
Selon Jean-Pierre Mignoni, directeur de l'animation commerciale au Crédit Agricole de Paris, entre 75 et 80% des clients qui n'étaient pas détenteurs d'un Livret A dans un autre établissement ont indiqué qu'ils souhaitaient en ouvrir un.
Côté BNP Paribas, Marc Roquain, responsable d'une agence BNP Paribas du XIIe arrondissement de Paris, dans laquelle s'est rendue la ministre de l'Economie, Christine Lagarde, a expliqué qu'un quart des clients de son agence ont répondu favorablement aux sollicitations et effectué une pré-réservation.
Début décembre, la Société Générale avait fait état de plusieurs centaines de milliers de pré-réservations.
Mais la vague de transferts de la Caisse d'Epargne et de la Banque postale vers d'autres banques, souvent anticipée, ne semble pas avoir eu lieu à ce jour, a affirmé vendredi le nouveau patron de la Caisse d'Epargne, Bernard Comolet.
La faible proportion des transferts d'un établissement vers un autre a été confirmée vendredi par plusieurs responsables d'agences, qui ont indiqué que les ouvertures concernaient essentiellement ceux de leurs clients qui ne détenaient pas encore de Livret A.
Le mouvement pourrait néanmoins intervenir à retardement. L'enquête menée au sein du réseau Crédit Agricole a par exemple permis d'estimer à 60% le nombre des clients détenteurs d'un Livret qui sont prêts à le transférer.
"Pour être très francs, ça ne nous fait pas plaisir, parce que les stocks" de Livrets A "que vont constituer NOS collègues vont se faire un peu ou beaucoup au détriment" des distributeurs historiques, "mais je crois que c'est un combat loyal", a déclaré M. Comolet.
La libéralisation de la distribution du Livret A intervient alors que ce produit, déjà très prisé des Français, a pulvérisé tous les records de collecte en 2008: 13,18 milliards d'euros de versements nets (une fois déduits les retraits), soit pratiquement deux fois plus que l'ancien record de 7,05 milliards d'euros qui datait de 1995, selon les derniers chiffres communiqués vendredi à l'AFP.
Attirés par un taux de rémunération à 4%, ainsi que par la sécurité de ce produit dans un contexte de crise financière, plus de deux millions de Français ont ouvert un Livret A en 2008, portant le total des livrets en circulation à plus de 46 millions.
Le pouvoir de séduction du Livret A pourrait néanmoins être prochainement amoindri par la forte baisse de son taux de rémunération. Le net ralentissement de l'inflation et la baisse des taux d'intérêt pratiqués entre banques, les deux éléments servant à son calcul, devraient ainsi faire passer le taux de 4 à 2,5%, voire moins.
Alors que la presse avait fait état, ces dernières semaines, d'une éventuelle intervention du gouvernement pour empêcher le taux de baisser trop brutalement, l'entourage de Mme Lagarde a assuré vendredi que la formule qui sert au calcul s'appliquerait sans entrave.