Les dirigeants des six monarchies pétrolières du Golfe, qui entament lundi à Mascate leur sommet annuel axé sur le processus d'intégration économique de leurs pays, doivent se prononcer sur la réponse à apporter à la situation créée par l'offensive militaire israélienne à Gaza.
Apparemment embarrassés par l'appel de Doha à un sommet arabe extraordinaire sur Gaza, des partenaires du Qatar au sein du Conseil de coopération du Golfe (CCG) répètent à l'envi qu'il revient aux Palestiniens, divisés entre partisans du mouvement islamiste Hamas et ceux de l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas, de rétablir au préalable leur unité nationale pour pouvoir les aider.
Ils s'en remettent à une réunion des ministres arabes des Affaires étrangères, prévue mercredi au Caire pour discuter de l'offensive militaire israélienne contre le Hamas à Gaza, qui a fait plus de 300 tués, et de l'opportunité d'un sommet extraordinaire qu'une source diplomatique au Caire a annoncé pour vendredi.
Les chefs de la diplomatie du CCG (Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Koweït et Oman), réunis dimanche soir pour préparer le sommet de Mascate, "n'ont pris aucune décision sur l'appel à un sommet arabe extraordinaire et ils s'en remettent à la réunion ministérielle arabe du Caire", a affirmé le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Saoud Al-Fayçal.
"Il est inutile de participer à un sommet (qui ne débouchera que sur) des communiqués", a ajouté le prince Saoud dans une déclaration publiée dimanche soir par l'agence officielle Spa, exprimant ainsi implicitement les réserves de son pays, chef de file des monarchies du CCG, à réunir les chefs d'Etat arabes.
Les ministres du CCG ont "retenu des approches" qu'ils soumettront à la réunion du Caire pour "aider le peuple palestinien, oeuvrer pour faire cesser le massacre et lever le blocus" imposé à Gaza, a déclaré pour sa part le ministre omanais des Affaires étrangères, Youssef Ben Alaoui.
Mais les Palestiniens sont tenus de rechercher "d'une manière responsable à surmonter leurs divergences et à resserrer les rangs pour permettre aux pays arabes de les aider (à établir) leur Etat indépendant", a poursuivi le ministre omanais, dont le pays prend la présidence du CCG pour 2009.
La bande de Gaza est contrôlée par le Hamas depuis juin 2007 après l'éviction des forces de Mahmoud Abbas dans une conjoncture marquée par une influence croissante de l'Iran chiite au Moyen-Orient, majoritairement sunnite.
Les monarchies du CCG peinent par ailleurs à donner de l'élan à leur processus d'intégration économique, après la mise en place progressive depuis 2003 d'une union douanière, puis formellement d'un marché commun début 2008.
Un projet d'accord sur une union monétaire, prévoyant un Conseil monétaire devant conduire à la création d'une Banque centrale du CCG chargée du lancement d'une monnaie unique, en principe en 2010, "va être approuvé" au sommet de Mascate, a affirmé le secrétaire général du groupe, Abderrahmane Al-Attiya. Il a admis toutefois que le siège de la Banque centrale du CCG, que 4 pays veulent abriter, "était (encore) à l'étude".
Mais d'après des délégations participantes, le dossier de la monnaie unique, qu'Oman ne veut pas, devrait "piétiner encore", les pays du CCG, affectés par la chute des cours du brut dont ils tirent l'essentiel de leurs revenus, préfèrent pour le moment "gérer individuellement les effets de la crise financière mondiale".