La Russie a de nouveau averti lundi que le conflit gazier l'opposant à l'Ukraine pourrait perturber les livraisons de gaz à l'Europe à compter du 1er janvier, même si Kiev assure qu'il ne siphonnera pas, en cas de crise, le gaz destiné aux Européens.
"On ne peut exclure que la position actuelle de la partie ukrainienne (...) puisse toucher le transit de gaz sur le territoire ukrainien et troubler la stabilité des livraisons de gaz à l'Europe", a noté dans un communiqué le vice-Premier ministre russe, Viktor Zoubkov.
Ce dernier, également président du conseil d'administration du géant gazier russe Gazprom, a adressé une lettre en ce sens au président de la Commission européenne José Manuel Barroso et aux 27 Etats membres de l'Union européenne.
Gazprom réclame quelque deux milliards de dollars à l'Ukraine d'ici au 31 décembre faute de quoi il refusera de signer un nouveau contrat pour 2009, ce qui équivaudra de facto à une cessation des livraisons et risque par ricochet de peser sur le transit vers l'Europe.
Environ 80% du gaz russe destiné à l'Europe passe par le territoire ukrainien, un transit que Gazprom paye. Moscou affirme que l'Ukraine se sert dans ces livraisons lorsqu'elle est elle-même privée de gaz russe, comme ce fut le cas au début 2006 lors d'une précédente crise.
Les autorités ukrainiennes et l'Union européenne se sont cependant empressées lundi de minimiser la mise en garde de Moscou.
"L'Ukraine ne volera du gaz à personne à partir du Nouvel an", a promis le chef adjoint de l'administration présidentielle ukrainienne, Olexandre Chlapak, cité par l'agence Interfax.
Les 16 milliards de m3 de gaz stockés dans les réservoirs souterrains ukrainiens permettront d'assurer l'approvisionnement du pays même si un nouveau contrat avec la Russie n'était pas signé avant la fin de l'année, a-t-il assuré.
Même son de cloche à Bruxelles qui assure ne pas craindre d'interruptions des livraisons gazières, à la différence de l'hiver 2005-2006 lors d'une précédente "guerre du gaz" russo-ukrainienne.
"On n'est pas dans la même situation qu'à l'hiver 2005, qui avait été très froid. Là, les +réservoirs+ de gaz européens sont à 90% pleins et le niveau des réservoirs ukrainiens est aussi très élevé", a relevé un porte-parole de la Commission européenne, Ferran Tarradellas.
"On considère aussi rassurant que les deux parties (Russes et Ukrainiens) nous aient promis à maintes reprises qu'elles ne toucheraient pas aux livraisons européennes", a-t-il ajouté.
Sur le front des négociations entre Gazprom et la société énergétique ukrainienne Naftogaz, aucune avancée ne se profilait lundi.
"La partie russe, en signe de bonne volonté, a rédigé une proposition de remboursement de la dette (ukrainienne) reposant sur un pré-paiement du transit du gaz russe sur le territoire de l'Ukraine", explique le gouvernement russe.
Mais "une solution n'a pas encore été trouvée en raison de la position non constructive de la partie ukrainienne", a accusé M. Zoubkov.
Kiev dit avoir du mal à payer ses factures en raison des graves problèmes économiques qui ont frappé le pays dans la foulée de la crise financière mondiale.
Naftogaz souligne notamment que la monnaie ukrainienne a perdu près de la moitié de sa valeur face au dollar, la devise utilisée pour l'achat de gaz.
Le gouvernement russe s'est lui étonné lundi que Kiev avance cet argument, alors même que l'Ukraine a reçu un prêt de 16,5 milliards de dollars du Fonds monétaire international pour faire face à la crise.
Seule bonne nouvelle lundi, la Russie et le Bélarus, autre pays de transit pour le gaz russe, ont trouvé un accord "sur les principes de base" de leur contrat gazier pour 2009, éloignant le spectre d'un autre conflit gazier qui aurait pu toucher l'Europe, ont rapporté les agences russes.