La Réserve fédérale des Etats-Unis s'apprêtait mardi à abaisser son taux directeur, actuellement à 1,0%, pour le ramener à son plus bas niveau de l'histoire, afin d'apporter une bouffée d'oxygène à une économique qui s'englue toujours plus dans la récession.
Le Comité de politique monétaire (FOMC) de la banque centrale, dont la réunion avait débuté la veille, a repris sa session en matinée au siège de la Fed, dans la capitale américaine.
Le communiqué final rendant compte de ses délibérations doit être publié vers 14H15 heure de Washington (19H15 GMT).
Même si une nouvelle baisse de taux ne devrait avoir qu'un effet modeste sur l'économie, il semble acquis que la Fed décidera de franchir une étape de plus dans son cycle d'assouplissement monétaire entamé après la crise des crédits immobiliers à risque de l'été 2007.
Les avis divergent néanmoins sur l'ampleur de la baisse, et la Fed pourrait surprendre en annonçant de nouvelles mesures de politique monétaire "non conventionnelles".
Un grand nombre d'économistes semblent privilégier le scénario d'une baisse de taux de 0,50 point. Mais à en croire le marché des contrats à terme, les "traders" parient majoritairement sur une baisse de 0,75 point, qui amènerait le taux directeur au niveau jamais vu de 0,25%.
La baisse des prix à la consommation sans précédent en novembre (-1,7% par rapport à octobre) plaiderait plutôt pour une forte baisse de taux, mais les membres du FOMC devront aussi prendre en compte le fait que l'indice des prix à la consommation hors énergie et alimentation est resté stable en novembre après avoir reculé de 0,1% le mois précédent.
Sachant que les baisses de taux ont des influences à moyen terme sur l'économie, "la question de la déflation devrait dominer le débat et nous pensons que cela pourrait être l'élément déclencheur d'une baisse de taux de 0,75 points", estime Amine Tazi, économiste de Natixis.
Une baisse de taux d'une banque centrale a généralement un effet inflationniste, et une hausse un effet déflationniste. La Fed a pour double mission de veiller à la stabilité des prix et d'assurer un emploi maximum.
La Fed a baissé son taux directeur neuf fois depuis l'été 2007, et celui-ci est fixé depuis sa dernière réunion de la fin octobre à 1,0%, niveau historiquement bas, mais déjà appliqué de juin 2003 à juin 2004.
Depuis la dernière rencontre du FOMC, l'économie américaine s'est fortement dégradée. Elle a supprimé plus d'un demi million d'emplois en novembre et traverse désormais la phase la plus dure d'une récession annoncée comme la plus longue et la plus grave depuis la crise des années 1930.
Le président de la Fed, Ben Bernanke, a reconnu au début du mois qu'une baisse des taux aurait un effet "évidemment limité" et que son institution risquait de devoir innover encore pour soutenir la première économie mondiale.
Il avait notamment mentionné le fait que la Réserve fédérale pourrait intervenir sur le marché pour "acheter en quantité importante" des bons du Trésor à long terme afin de faire baisser les taux à long terme, qui restent encore très élevés.
Les économistes et les marchés examineront donc une fois de plus à la lettre le communiqué final de la Fed pour y trouver trace des intentions de la banque centrale, notamment sur la nature et l'ampleur des mesures "non conventionnelles" qu'elle envisage.
Pour les économistes du cabinet Aurel BGC, celle-ci "pourrait annoncer que la poursuite de la détente de sa politique ne passera plus par un recul des taux directeurs, mais une action directe sur les marchés avec des achats de titres obligataires à long terme, y compris du Trésor".