L'ancien patron de la Caisse d'Epargne Charles Milhaud est poursuivi en justice pour "diffamation" par Jérôme Kerviel, le trader soupçonné de falsifications ayant fait perdre 4,9 milliards d'euros à la banque Société générale, a-t-on appris vendredi de source judiciaire.
M. Kerviel a fait délivrer par huissier à M. Milhaud une citation directe devant le tribunal correctionnel de Paris pour le 5 février, a-t-on ajouté de même source, confirmant une information de Libération, en précisant que cette date correspond à une audience de consignation et que les faits seront examinés ultérieurement.
Le trader estime avoir été diffamé par M. Milhaud dans une interview qu'il avait accordé le 19 octobre au Journal du dimanche, après que la Caisse d'Epargne eut annoncé une perte de 600 millions d'euros, qui atteindra 751 millions d'euros au final, attribuée à un trader accusé d'avoir outrepassé son mandat.
Interrogé sur une parenté entre ce dossier et celui de la Société générale, M. Milhaud avait assuré qu'il ne s'agissait pas d'une "nouvelle affaire Kerviel". "D'abord parce que chez nous tout s'est joué en quelques jours. Ensuite, personne n'a cherché à dissimuler quoi que ce soit. Il n'y a pas non plus eu de volonté d'enrichissement personnel ni de malversation", avait-il expliqué.
"M. Milhaud a été plus loin dans ces propos que la Société générale elle-même qui a reconnu que Jérôme Kerviel n'avait jamais cherché un enrichissement personnel", constate Me Jean-Luc Tissot, un des avocats de Jérôme Kerviel, qui rappelle qu'aucune malversation n'est reprochée au trader de la Société générale.
Le trader est mis en examen pour "abus de confiance" et "introduction frauduleuse de données dans un système informatique".
"Il n'est pas admissible que le nom de Jérôme Kerviel puisse être assimilé à des malversations en milieu bancaire", poursuit l'avocat, qui compte réclamer un euro symbolique de dommages et intérêts au patron de la Caisse d'Epargne.
"On ne vise pas l'enrichissement mais le respect du nom de M. Kerviel", a-t-il expliqué.