
L'euphorie était retombée mardi sur les places financières mondiales après leur envolée spectaculaire de la veille et les espoirs du plan de sauvetage de l'économie américaine que prévoit Barack Obama.
Wall Street est repartie à la baisse après deux séances de forte hausse, plombée par les conséquences de plus en plus visibles de la crise sur les bénéfices des entreprises: le Dow Jones a perdu 2,72% et le Nasdaq 1,55%.
Les perspectives alarmistes de l'OCDE, tout comme celles de la Banque mondiale, ont encore noirci le tableau de l'économie mondiale.
L'économie américaine, officiellement en récession depuis début décembre, "traverse une période particulièrement difficile" et l'activité devrait "se dégrader davantage à court terme", a prévenu mardi l'Organisation pour la coopération et le développement économiques (OCDE).
Traduisant la conviction des investisseurs d'une dégradation rapide de l'économie, le rendement du bon du Trésor américain à trois mois est passé mardi en territoire négatif, pour la première fois de son histoire, descendant jusqu'à -0,051%.
Concrètement, un rendement négatif signifie que des acheteurs d'obligations d'Etat sur le marché secondaire ont acheté ces titres à un prix supérieur au versement qui leur est promis s'ils les conservent jusqu'à leur maturité, en l'occurrence trois mois après leur émission.
Cette anomalie de marché implique que ces investisseurs, dans un ENVIRONNEMENT financier troublé, ont privilégié la sécurité absolue que procure un bon du Trésor, et que d'autre part, ils parient sur une baisse des indices des prix (une inflation négative) dans les mois à venir.
L'OCDE estime "probable que l'activité se dégradera davantage à court terme", notamment à cause "des incertitudes entourant la solvabilité des banques et l'offre de crédit".
Même pessimisme affiché du côté de la Banque mondiale pour 2009. Croissance extrêmement faible et échanges commerciaux en recul laissent craindre une crise généralisée de la planète sans comparaison depuis la Deuxième Guerre mondiale, a prévenu mardi l'institution dans son rapport.
"La croissance mondiale devrait être de 0,9% seulement, tandis que le volume des échanges reculerait de 2,1%", a indiqué la Banque mondiale, appelant les dirigeants politiques à "se préparer à affronter le scénario du pire".

Face à la déroute des constructeurs automobiles américains, la Maison Blanche et le Congrès menaient mardi leurs ultimes négociations, pour débloquer 15 milliards de dollars de prêts. Malgré leurs divergences, un accord restait possible, a dit un haut responsable de l'administration.
Seule éclaircie outre-atlantique, le recul moins fort que prévu des promesses de vente de logements aux Etats-Unis en octobre (-0,7%) alors que les analystes tablaient sur un recul de 3,0%.
Le pessimisme prévaut également au Japon.
La deuxième puissance économique mondiale est entrée dans une récession économique plus profonde que prévu par son gouvernement, la croissance ayant régressé dans des proportions bien supérieures à ses premières estimations.
Le Produit Intérieur brut (PIB) nippon a reculé de 0,5% au troisième trimestre (juillet à septembre) par rapport au précédent, et non de 0,1% comme le suggéraient les premiers calculs.
C'est la première fois en sept ans que le Japon entre de plain pied en récession, cette dernière étant définie par deux trimestres consécutifs de diminution du PIB.
Illustration de cette débâcle, le géant japonais de l'électronique Sony a provoqué un choc mardi en annonçant un vaste plan de restructuration prévoyant 8.000 suppressions d'emplois dans le monde. Le groupe espère réaliser plus de 100 milliards de yens (833 millions d'euros) d'économies annuelles.
Après l'automobile, c'est le transport aérien mondial qui a vu son HORIZON s'obscurcir. Ce secteur devrait essuyer des pertes de 2,5 milliards de dollars (1,9 milliard d'euros) en 2009, a prédit mardi l'Association internationale du transport aérien (IATA), revoyant à la baisse ses précédentes prévisions.
L'année prochaine, les transporteurs vont affronter "le pire environnement en termes de chiffre d'affaires depuis 50 ans", estime IATA.
En Europe, à l'exception notable de l'Allemagne, plusieurs nouvelles macro-économiques déprimantes ont alourdi le climat.
La Grande-Bretagne a vu le déficit de son commerce extérieur s'aggraver en octobre, à 7,8 milliards de livres (9 milliards d'euros), contre 7,4 milliards en septembre (chiffre révisé), alors que les économistes tablaient sur un déficit inférieur.
En France, le commerce extérieur, déjà mal en point avant la crise, a poursuivi sa chute inexorable, au fur et à mesure que les économies de ses principaux partenaires entraient en récession.
Pour l'Allemagne, première économie européenne, les chiffres du jour ont été en revanche meilleurs que ceux de la veille.
Son excédent commercial s'est élevé à 16,4 milliards en octobre, soit 1,4 milliard de plus qu'en septembre et son excédent des comptes courants a atteint 15 milliards d'euros, pratiquement comme le mois précédent.
La progression inattendue du baromètre de confiance des industriels allemands (indice ZEW), a également mis du baume au coeur des milieux financiers et profité à l'ensemble des places européennes.
Francfort s'est octroyé 1,34%, Paris s'est offert une hausse de 1,55%, et Londres a pris 1,89%.
Ce rebond traduit la volonté des marchés de croire en une sortie de crise après l'engagement du président américain Barack Obama en faveur d'un plan de relance massif.
La veille cet optimisme avait provoqué une envolée spectaculaire à Wall Street: le Dow Jones avait gagné 3,46%, le Nasdaq 4,14% et le S&P 500 3,84%.